L’âme, ou la mystérieuse essence de l’être

0. Origine de l’âme

1. Les âmes ne naissent pas dans le Cosmos. Elles proviennent d’ailleurs, du même ailleurs — voir la création du monde — que celui dont dérivent les éléments nécessaires à La vie sur Terre.

Les Hommes ignorent que ces âmes sont les émanations d’une substance primitive1« Nous avons donc défini, en termes généraux, ce qu’est l’âme : elle est une substance au sens de forme, c’est-à-dire l’essentiel de ce qui fait qu’un corps est ce qu’il est. » (ARISTOTE, De l’âme, IVe s. av. J.-C., Livre II, chap. 1)., sorte de soupe quantique créatrice, d’une lave d’abondance et de plénitude ancestralement formée et unifiée, les vapeurs d’un océan infini, incommensurable mer affective2Dans la tradition germanique, l’étymologie de l’âme (soul en anglais, seele en allemand, ziel en néerlandais) est marquée d’une origine maritime. Le proto-germanique saiwalō (signifiant « qui vient de la mer » ou « qui appartient à la mer ») témoigne de cette croyance ancestrale que les âmes venaient de la mer et y retournaient après la mort. D’ailleurs, sea, see et zee veulent respectivement dire mer en anglais, allemand et néerlandais., mirifique image du nirvana3Proprement, ce mot signifie en sanskrit « extinction ». C’est la « délivrance de tous les désirs et de tous les maux, qui marque la béatitude à laquelle atteint, au terme de ses existences successives, l’âme qui s’abîme dans l’universel. » (Dictionnaire de l’Académie française, 9e éd., Nirvana)., où voguent ensemble des milliards d’âmes en formation, dans un état de béatitude extrême qu’elles retrouveront bien plus tard sur Terre, dans la mer chaude du ventre de leur mère.

1. Odyssée de l’âme

2. Ces âmes en couvaison ne sont pas statiques. Elles sont déjà en activité, s’agitant, bouillonnant, s’exaltant. Imaginez des portions de matière immatérielle, toutes encore imbriquées, qui flottent hors du Cosmos.

Continuellement recomposées par une vitalité qui les soutient et les perturbe, ces âmes ressentent le besoin impérieux d’élever leur niveau de fréquence vibratoire pour se structurer et se stabiliser, atteindre l’illumination, la perfection absolue.

3. Ainsi poussées par une inextinguible curiosité qui répond aux vertigineuses lacunes à combler, ces âmes vont spontanément s’accoucher de leur mer primitive, s’en extraire d’abord en grappe, puis se constituer progressivement en « consciences individualisées »4Patrick SIMON, « Quelle est l’origine de nos âmes et leur but ? », Esprit spiritualité métaphysiques, 16 oct. 2018..

Autrement dit, elles vont se singulariser, formant ce que précisément on appelle en physique quantique une singularité5Laurent DUREAU, « Origine et histoire de l’âme humaine », 345D, 4 juin 2012., la singularité initiale qui initia la formation du Cosmos6L’univers créé par le créateur du jeu (ou Dieu) pour que les âmes viennent s’incarner et expérimenter..

2. Incarnation de l’âme

4. Les âmes voyagent ainsi dans des univers, le présent univers ou d’autres7Le Cosmos est gouverné par certaines lois (attraction, gravité) et dimensions (temps, espace), qui régissent et conditionnent les états dans lesquels se déploie la matière. D’autres univers sont gouvernés par d’autres lois et dimensions ; peut-être même existe-t-il des univers sans espace ni temps ni matière, des univers que des âmes « traverseraient » d’une manière ou d’une autre sans y être « incarnées » — puisque la matière n’y existe pas — afin de faire d’autres expériences que celles de la douleur, du plaisir, du vieillissement, etc.. Elles viennent s’incarner, en l’occurrence sur la planète Terre, à l’intérieur d’individus, c’est-à-dire de figurines qu’elles animent, qui les accueilleront successivement, le temps d’un apprentissage plus ou moins long, pour expérimenter par elles-mêmes et se forger leurs propres expériences de vie.

5. Oui, des âmes qui baignaient dans un océan de bonheur et bullaient bien au chaud dans leur hammam d’éternité, ont choisi de venir s’encroûter dans ce bourbier putride et gluant qu’est La vie sur Terre

C’est que le voyage s’est fait par étapes successives — sortie de la mer primale, entrée dans le Cosmos, première incarnation puis réincarnations8« Ils [les poètes divins, tels Pindare] disent que l’âme humaine est immortelle ; que tantôt elle s’éclipse, ce qu’ils appellent mourir ; tantôt elle reparaît, mais qu’elle ne périt jamais ; que pour cette raison il faut mener la vie la plus sainte possible ; car les âmes qui ont payé à Perséphone [déesse des Enfers, épouse d’Hadès] la dette de leurs anciennes fautes, elle les rend au bout de neuf ans à la lumière du soleil. » (PLATON, Ménon ou De la vertu, 390/385 av. J.-C., dans Œuvres de Platon, Tome VI, Paris, éd. Bossange frères [1823], trad. Victor Cousin, p. 173, §81b). — sans vraie conscience de ce qui allait advenir au stade prochain. Les âmes ne prennent connaissance des difficultés de l’existence qu’en s’incarnant, sans quoi elles ne viendraient ni ne reviendraient9Une fois sortie du corps, l’âme oublie les sensations de la vie terrestre, les conditions concrètes de l’existence. Elle ne garde en mémoire que les expériences et connaissances accumulées. sur la Terre10Comp. « Si c’était à refaire, recommenceriez-vous ? dit la chanson ; jamais on ne recommencerait, à moins d’être gâteux, ou, ce qui revient au même, d’ignorer le goût de l’expérience et de nier cette évidence, inintéressante par ailleurs, la liberté. » (Boris VIAN, « Le pays sans étoile », Chroniques du menteur, 1974, Paris, éd. Christian Bourgois)..

3. Nature de l’âme

6. L’âme est une personne désincarnée, un être éthéré qui cherche à évoluer et à s’enrichir par l’expérience de vies terrestres successives.

Figurez-vous un agrégat de particules ordonné, un noyau d’énergies, à la fois matrice de forces et nœud d’informations (connaissances, souvenirs et carences) qui vient — vers le milieu de la grossesse11Autour de quatre mois et demi, quand le processus se passe bien, l’âme du bébé — attirée par celle de la mère (et un peu celle du père) — vient s’incorporer au corps du bébé déjà en formation, l’âme se glisse dans sa chair. Les mouvements ressentis par la mère évoluent généralement à partir de cette période. — se glisser en chaque fœtus pour l’animer de l’intérieur et lui donner véritablement vie12« Toute âme est immortelle ; car ce qui est toujours en mouvement est immortel ; mais l’être qui en meut un autre et qui est mû par un autre, au moment où il cesse d’être mû, cesse de vivre ; seul, l’être qui se meut lui-même, ne pouvant se faire défaut à lui-même, ne cesse jamais de se mouvoir, et même il est pour tous les autres êtres qui tirent le mouvement du dehors la source et le principe du mouvement. » (PLATON, Phèdre ou De la beauté, 370 av. J.-C., dans Le banquet — Phèdre, Paris, éd. Flammarion [1991], coll. GF, trad. Émile Chambry, p. 124, §245c)..

7. L’âme existe, elle a une nature quantique13Les milliards de minuscules grains qui forment l’âme — les particules animiques — obéissent aux règles quantiques et peuvent par conséquent communiquer entre elles. Des âmes antérieurement liées (dans la mer primale) peuvent également se parler et se ressentir ; c’est la télépathie entre âmes sœurs ou flammes jumelles. — ce dont les scientifiques finiront par se convaincre14Voir les travaux — évidemment controversés — de Roger Penrose et Stuart Hameroff. Pourtant, tout cela pourrait s’expliquer par la physique des particules. — et joue comme un nuage de données structuré, réparti dans toute la matière corporelle et connecté à la texture du monde.

Mais en faire le principe vital de tout corps, le souffle de vie, généralement confondu avec l’esprit15Étymologiquement, l’esprit (du latin spiritus) comme l’âme (du latin anima) signifient en effet le souffle, avec cette idée commune de respiration., est bien sûr une approche terrestre des choses. C’est la voir par le prisme de sa fonction principale (l’anima qui meut l’individu), et non par sa nature intrinsèque (l’essence d’une personne qui expérimente).

4. Rôle de l’âme

8. Comme l’âme du violon16 L’âme d’un instrument à cordes est une petite pièce de bois cylindrique que le luthier place entre le fond et la table afin de faire sonner l’instrument de façon harmonieuse., l’âme humaine sert à transmettre les vibrations et à répartir les forces au sein du corps qui est son ancre, qui la leste et la maintient sur Terre17« L’âme est le berceau de chaque histoire. Saisissez votre âme et vous aurez une vraie compréhension de votre existence. » (Charlotte AFTASSI, « Qu’est-ce que les flammes jumelles, pourquoi et leur parcours », Esprit spiritualité métaphysiques, 3 mars 2019.)..

L’âme amplifie les sensations, notamment le plaisir, diffuse les émotions dans cette caisse de résonnance qu’est le corps. Ainsi que la position de l’âme influencera — dans l’instrument à cordes — la teneur des sonorités, l’âme humaine mettra en communication les différents plans de la personne (physique, mental, énergétique, vibratoire) et modifiera le timbre de sa personnalité.

9. Une fois incarnée dans le corps, l’âme devient le fantôme silencieux qui guide la personne tout au long de sa vie, et de plus en plus en approchant de la mort. Parce qu’elle connaît la raison profonde de votre venue sur Terre et qu’elle est le réservoir de toutes les connaissances accumulées18« Ainsi l’âme étant immortelle, étant d’ailleurs née plusieurs fois, et ayant vu ce qui se passe dans ce monde et dans l’autre et toutes choses, il n’est rien qu’elle n’ait appris. C’est pourquoi il n’est pas surprenant qu’à l’égard de la vertu et de tout le reste, elle soit en état de se ressouvenir de ce qu’elle a su antérieurement […] » (PLATON, Ménon ou De la vertu, 390/385 av. J.-C., dans Œuvres de Platon, Tome VI, Paris, éd. Bossange frères [1823], trad. Victor Cousin, p. 173, §81c). dans vos vies antérieures, votre âme cherche constamment à vous inspirer et à vous tirer d’affaire.

Tel un souffleur au théâtre, elle est la petite voix intérieure qui se fait entendre de temps à autre et vous indique le chemin — généralement semé d’embûches — que vous êtes venu emprunter.

Références

— Musique

— Articles

— Livres

Illustrations

  • Henri MATISSE, La danse, 1909/1910, Musée de l’Hermitage, Saint-Pétersbourg.
  • Henri MATISSE, Nymphe et Satyre, 1909, Musée de l’Hermitage, Saint-Pétersbourg.
  • Henri MATISSE, La musique, 1910, Musée de l’Hermitage, Saint-Pétersbourg.
  • Henri MATISSE, Le jeu de boules, 1908, Musée de l’Hermitage, Saint-Pétersbourg.
  • 1
    « Nous avons donc défini, en termes généraux, ce qu’est l’âme : elle est une substance au sens de forme, c’est-à-dire l’essentiel de ce qui fait qu’un corps est ce qu’il est. » (ARISTOTE, De l’âme, IVe s. av. J.-C., Livre II, chap. 1).
  • 2
    Dans la tradition germanique, l’étymologie de l’âme (soul en anglais, seele en allemand, ziel en néerlandais) est marquée d’une origine maritime. Le proto-germanique saiwalō (signifiant « qui vient de la mer » ou « qui appartient à la mer ») témoigne de cette croyance ancestrale que les âmes venaient de la mer et y retournaient après la mort. D’ailleurs, sea, see et zee veulent respectivement dire mer en anglais, allemand et néerlandais.
  • 3
    Proprement, ce mot signifie en sanskrit « extinction ». C’est la « délivrance de tous les désirs et de tous les maux, qui marque la béatitude à laquelle atteint, au terme de ses existences successives, l’âme qui s’abîme dans l’universel. » (Dictionnaire de l’Académie française, 9e éd., Nirvana).
  • 4
    Patrick SIMON, « Quelle est l’origine de nos âmes et leur but ? », Esprit spiritualité métaphysiques, 16 oct. 2018.
  • 5
    Laurent DUREAU, « Origine et histoire de l’âme humaine », 345D, 4 juin 2012.
  • 6
    L’univers créé par le créateur du jeu (ou Dieu) pour que les âmes viennent s’incarner et expérimenter.
  • 7
    Le Cosmos est gouverné par certaines lois (attraction, gravité) et dimensions (temps, espace), qui régissent et conditionnent les états dans lesquels se déploie la matière. D’autres univers sont gouvernés par d’autres lois et dimensions ; peut-être même existe-t-il des univers sans espace ni temps ni matière, des univers que des âmes « traverseraient » d’une manière ou d’une autre sans y être « incarnées » — puisque la matière n’y existe pas — afin de faire d’autres expériences que celles de la douleur, du plaisir, du vieillissement, etc.
  • 8
    « Ils [les poètes divins, tels Pindare] disent que l’âme humaine est immortelle ; que tantôt elle s’éclipse, ce qu’ils appellent mourir ; tantôt elle reparaît, mais qu’elle ne périt jamais ; que pour cette raison il faut mener la vie la plus sainte possible ; car les âmes qui ont payé à Perséphone [déesse des Enfers, épouse d’Hadès] la dette de leurs anciennes fautes, elle les rend au bout de neuf ans à la lumière du soleil. » (PLATON, Ménon ou De la vertu, 390/385 av. J.-C., dans Œuvres de Platon, Tome VI, Paris, éd. Bossange frères [1823], trad. Victor Cousin, p. 173, §81b).
  • 9
    Une fois sortie du corps, l’âme oublie les sensations de la vie terrestre, les conditions concrètes de l’existence. Elle ne garde en mémoire que les expériences et connaissances accumulées.
  • 10
    Comp. « Si c’était à refaire, recommenceriez-vous ? dit la chanson ; jamais on ne recommencerait, à moins d’être gâteux, ou, ce qui revient au même, d’ignorer le goût de l’expérience et de nier cette évidence, inintéressante par ailleurs, la liberté. » (Boris VIAN, « Le pays sans étoile », Chroniques du menteur, 1974, Paris, éd. Christian Bourgois).
  • 11
    Autour de quatre mois et demi, quand le processus se passe bien, l’âme du bébé — attirée par celle de la mère (et un peu celle du père) — vient s’incorporer au corps du bébé déjà en formation, l’âme se glisse dans sa chair. Les mouvements ressentis par la mère évoluent généralement à partir de cette période.
  • 12
    « Toute âme est immortelle ; car ce qui est toujours en mouvement est immortel ; mais l’être qui en meut un autre et qui est mû par un autre, au moment où il cesse d’être mû, cesse de vivre ; seul, l’être qui se meut lui-même, ne pouvant se faire défaut à lui-même, ne cesse jamais de se mouvoir, et même il est pour tous les autres êtres qui tirent le mouvement du dehors la source et le principe du mouvement. » (PLATON, Phèdre ou De la beauté, 370 av. J.-C., dans Le banquet — Phèdre, Paris, éd. Flammarion [1991], coll. GF, trad. Émile Chambry, p. 124, §245c).
  • 13
    Les milliards de minuscules grains qui forment l’âme — les particules animiques — obéissent aux règles quantiques et peuvent par conséquent communiquer entre elles. Des âmes antérieurement liées (dans la mer primale) peuvent également se parler et se ressentir ; c’est la télépathie entre âmes sœurs ou flammes jumelles.
  • 14
    Voir les travaux — évidemment controversés — de Roger Penrose et Stuart Hameroff. Pourtant, tout cela pourrait s’expliquer par la physique des particules.
  • 15
    Étymologiquement, l’esprit (du latin spiritus) comme l’âme (du latin anima) signifient en effet le souffle, avec cette idée commune de respiration.
  • 16
    L’âme d’un instrument à cordes est une petite pièce de bois cylindrique que le luthier place entre le fond et la table afin de faire sonner l’instrument de façon harmonieuse.
  • 17
    « L’âme est le berceau de chaque histoire. Saisissez votre âme et vous aurez une vraie compréhension de votre existence. » (Charlotte AFTASSI, « Qu’est-ce que les flammes jumelles, pourquoi et leur parcours », Esprit spiritualité métaphysiques, 3 mars 2019.).
  • 18
    « Ainsi l’âme étant immortelle, étant d’ailleurs née plusieurs fois, et ayant vu ce qui se passe dans ce monde et dans l’autre et toutes choses, il n’est rien qu’elle n’ait appris. C’est pourquoi il n’est pas surprenant qu’à l’égard de la vertu et de tout le reste, elle soit en état de se ressouvenir de ce qu’elle a su antérieurement […] » (PLATON, Ménon ou De la vertu, 390/385 av. J.-C., dans Œuvres de Platon, Tome VI, Paris, éd. Bossange frères [1823], trad. Victor Cousin, p. 173, §81c).