La culture

— La condition humaine

1. L’existence humaine repose sur la mise en œuvre quotidienne, concrète et largement inconsciente de ce qui fonde la condition humaine : le libre-arbitre. Cette liberté de choix s’exerce en tenant compte de quatre facteurs (le monde, le corps, les autres et le temps). Évidemment, le monde s’entend de la Terre, recouverte de végétaux, d’animaux, de constructions et d’objets…

Réfléchissez à tout ce qui fait votre vie et vous verrez que vous pouvez toujours rattacher ce que vous faites à un ou plusieurs de ces quatre paramètres. Payer vos impôts ? Les autres. Contourner un bâtiment ? Le monde. Prendre une douche ? Le corps. Fêter votre anniversaire ? Le temps. Respirer, manger, boire ? Le corps. Suivre une formation ? Les autres. Recycler vos déchets ? Le monde. Dormir la nuit ? Le temps.

— La place des autres

2. Aborder la culture et la société revient ni plus ni moins à envisager le rôle joué par les autres dans nos vies. Or les autres, ce sont des conditionnements, des influences, des inspirations, des contraintes, des possibilités… Pour vous, c’est votre famille, votre conjoint, vos amis… Pour l’entreprise, ce sont les clients (donc le marketing), les collaborateurs (donc le management), les fournisseurs (donc les achats), etc.

Certes, vivre en société est nécessaire à la survie de chacun d’entre nous. Mais cette réalité induit une seconde nécessité avec laquelle il faut sans cesse composer : le vivre-ensemble. Demander aux autres de satisfaire ses désirs (obtenir des biens, gagner de l’argent, être en sécurité), c’est devoir en retour satisfaire les leurs (payer, travailler, respecter les autres).

— Les jeux de société

3. Tout cela fait habituellement de la vie en société une pièce de théâtre, ce qu’on appelle la comédie sociale. Satisfaire nos besoins — qu’ils soient physiques, affectifs ou spirituels — conduit à s’adonner constamment à des activités, qui se doublent de jeux sociaux. Les enfants jouent sans cesse à des jeux que nous disons jeux de rôles car ils ne correspondent pas à notre réalité.

Mais des dieux qui nous observeraient diraient la même chose de nous. Nous jouons au chef, au salarié, au parent. Nous nous forçons à jouer des rôles pour parvenir à nos fins. Et comme il n’existe pas de réalité alternative, nous tenons cette réalité pour la seule véritable. La Pompadour jouait à la marquise comme une petite fille joue à la marchande1Jouer « se dit d’un enfant qui imite les adultes par manière de jeu. Jouer à la marchande. Jouer à la guerre. » (ACADÉMIE FRANÇAISE, Dictionnaire en ligne, Jouer, I, 2).

— Une boîte à idées

4. Toutes les manifestations de ces rôles (répliques, actions, imitations) constituent la culture au sens large. Elle est le fruit des existences des individus dans une société donnée, l’ensemble des habitudes, des idées et des valeurs qu’ils expriment. C’est la littérature autant que la télévision, l’histoire autant que les divertissements.

Respirant l’air du temps, chacun participe à la culture, contribue à l’évolution du langage, forge le destin de sa nation. Inversement, la culture est une source constante d’inspiration, une gigantesque boîte à idées, un recueil inépuisable de solutions et d’innovations. Et cette richesse-là appartient à tous : citoyens, entrepreneurs, indigents. Seule compte la curiosité. Artspolitique et sciences, tout est à votre portée.

« […] ce hasard m’entraîna dans la carrière littéraire. Je ne dirai point que j’y ai dû regret, car la culture des lettres m’a valu plus de jouissances que de chagrins. Il faut avoir une grande véhémence d’amour-propre pour que les critiques fassent plus de peine que les éloges ne donnent de plaisir ; et d’ailleurs il y a dans le développement et le perfectionnement de son esprit une activité continuelle, un espoir toujours renaissant, que ne saurait offrir le cours ordinaire de la vie. »2(Mme DE STAËL, Lettres sur les ouvrages et le caractère de J.-J. Rousseau, 1788, préface de l’édition de 1814 publiée avec les Réflexions sur le suicide, suivies de la Défense de la Reine, Paris, éd. Nicolle, Mame & Martinet, pp. 149-150).

Illustrations


  • 1
    Jouer « se dit d’un enfant qui imite les adultes par manière de jeu. Jouer à la marchande. Jouer à la guerre. » (ACADÉMIE FRANÇAISE, Dictionnaire en ligne, Jouer, I, 2).
  • 2
    (Mme DE STAËL, Lettres sur les ouvrages et le caractère de J.-J. Rousseau, 1788, préface de l’édition de 1814 publiée avec les Réflexions sur le suicide, suivies de la Défense de la Reine, Paris, éd. Nicolle, Mame & Martinet, pp. 149-150).