De l’élégance

1. Une allure

1. Comment ramasser en une frêle notice les innombrables observations qui révèlent, décomposent et professent l’élégance ? Et de quelle élégance, au juste, s’agit-il ? Celle du corps, celle de l’esprit, ou bien l’éloquence du discours1« Élégance, elegantia, d’eligere, élire, choisir marque le soin qu’on met à choisir les mots et les tours, d’où résultent la pureté et la justesse jointes à la grâce et à l’harmonie. » (Benjamin LAFAYE, Dictionnaire des synonymes de la langue française, 5e éd., 1884, Paris, éd. Hachette, Élégance, p. 549). ?

C’est qu’à l’instar de la République, l’élégance est une et indivisible : elle affleure en toutes choses ou elle n’est pas. Pour le dire autrement, c’est un principe qui ne souffre aucune exception : le moindre soupçon de trivialité aurait pour effet de saper tout édifice élevé au culte de l’élégance.

2. L’étymologie enseigne que l’élégance, comme l’élection, repose sur un choix2« ELÉGANCE, s. f. (Belles-Lettr.) ce mot vient, selon quelques-uns, d’electus, choisi ; on ne voit pas qu’aucun autre mot latin puisse être son étymologie : en effet, il y a du choix dans tout ce qui est élégant. » (VOLTAIRE, « Élégance », dans dans DIDEROT, D’ALEMBERT & JAUCOURT, L’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Tome 5, 1751/1772, p. 482).. C’est focaliser l’attention sur la cause de l’élégance — non sur sa raison —, cause qui produira l’effet escompté : une esthétique diffuse résultant d’un subtil assemblage entre quantité de détails sans doute insignifiants pris en eux-mêmes, mais très évocateurs dès qu’on les rapporte les uns aux autres.

Si la cause de l’élégance se trouve dans la sélection des gestes, expressions et attitudes, la raison en est ailleurs, dans le souhait de provoquer son effet principal d’une part (l’esthétique), dans l’intention d’acquérir la supériorité de la grâce d’autre part (la distinction).

3. Reste que le propos est placé sous le signe de l’allure — au sens propre la « Démarche, façon de marcher, manière de porter son corps en marchant »3Louis-Nicolas BESCHERELLE, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française, Tome 1, 1856, Paris, éd. Garnier, Allure, p. 139. —, c’est-à-dire sous l’angle du mouvement, l’allure correspondant au verbe aller, par exemple à vive allure. L’élégance a ceci de commun avec l’intelligence qu’elle prise le mouvement — certaines statues ne manquent pourtant pas d’élégance.

Par opposition à la raideur, une animation mesurée donne une certaine allure — la chose militaire comme la mode se manifestent à travers le rituel du défilé : l’allure des soldats et mannequins confère à leur marche une esthétique particulière (la comparaison est frappante) destinée à faire forte impression sur le public.

2. Une esthétique

4. Prenons ce mot de Voltaire : « L’élégance est un résultat de la justesse & de l’agrément. »4Voltaire, « Élégance », dans Diderot & D’Alembert, L’Encyclopédie, op. cit., Tome 5, p. 482. De la justesse, qui s’oppose au désordre, à la préciosité, à l’imprécision ; de l’agrément qui suppose de briller en faisant plaisir aux autres, en émoussant ses instincts, en oubliant ses caprices.

Avant d’agir comme un bienfait, pour soi comme pour les autres — on tire son monde vers le haut en promenant son élégance avec soi —, l’aisance est une tenue et une retenue : on ne se conduit pas chez les autres comme on se comporte chez soi et, serait-on chez soi, il ne serait question de manquer de respect à ses invités ou visiteurs.

En d’autres termes, toute esthétique n’est obtenue qu’au prix d’efforts assidus et répétés qui intéressent — s’agissant de l’élégance personnelle — le vêtement autant que la silhouette, l’attitude autant que le charme, la sensibilité autant que la vertu.

5. Tout le monde n’est pas riche — l’autrice en sait quelque chose — mais chacun peut préférer des vêtements sobres à des costumes fantaisistes, peut rechercher les simplicités de bon goût5« […] tout ce qui n’est pas simple n’est jamais élégant. » (Vicomte DE MARENNES, Manuel de la femme et de l’homme comme il faut, 1855, Paris, éd. Librairie nouvelle, p. 12). aux fanfreluches de mauvais aloi : on doit avoir beaucoup d’allure et de distinction pour arborer, sans être ridicule, des perles, des plumes, des dentelles6« Beaucoup de femmes, parce qu’elles sont riches, s’imaginent avoir le droit de porter des diamants, des plumes, des dentelles ; elles se trompent. Un pareil droit n’est point donné par les accidents de la fortune ; il émane directement de la nature. Ces femmes commettent des usurpations contre lesquelles protestent leur langage et leur physionomie. » (Vicomte DE MARENNES, Manuel de la femme et de l’homme comme il faut, op. cit., p. 52)..

Choisissez — toute élégance est un choix, a-t-on dit — des habits dans des tons plaisants (ne portez rien de criard) et des matières honnêtes (évitez le synthétique). Avisez-vous que vos nippes soient ajustées et qu’elles tombent bien. Assurez-vous, en somme, que votre toilette soit seyante et pensée de haut en bas7« Le goût exige impérieusement que tout ce qui compose la toilette soit parfaitement assorti. » (Louis VERARDI, Manuel du bon ton et de la politesse française, 1853, Paris, éd. Passard, p. 101). (respect des proportions, propreté des étoffes, harmonie des couleurs8« Ce n’est ni dans la richesse d’une toilette, ni dans la rareté des étoffes, ni dans la coupe plus ou moins imprévue des habits que gît l’élégance ; c’est uniquement dans l’effet produit par la combinaison de ces choses avec le jeu des proportions humaines. » (Vicomte DE MARENNES, Manuel de la femme et de l’homme comme il faut, op. cit., p. 51).).

6. La minceur aussi, du moins l’équilibre de la silhouette9« Le développement de l’estomac est presque toujours lié au penchant à la gastronomie. Or, le gastrolâtre est égoïste et sensuel : la vie matérielle prédomine en lui. Le cerveau fonctionne d’autant moins que l’estomac fonctionne davantage, et c’est pour cela, remarquez-le bien, qu’on vieillit par le ventre plus que par le visage. Ceci est la règle qui n’exclut jamais l’exception, comme chacun sait. Cette disposition est donc essentiellement contraire à l’élégance. » (Vicomte DE MARENNES, Manuel de la femme et de l’homme comme il faut, op. cit., pp. 40-41)., c’est-à-dire la pureté de la ligne du corps, est de mise. Mais, en l’espèce, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne ; la marche régulière — ou la nage, si l’on peut — saura cependant affiner le corps, lui redonner galbe et dynamisme, et parfaire la démarche.

7. Il y a de la grâce dans l’élégance10« Ce qui plaît avec attrait, charme secret qui invite à regarder une personne ou une chose, qui attire, qui remplit l’âme d’un sentiment doux. La grâce naît d’une politesse naturelle accompagnée d’une noble liberté ; c’est un vernis qu’ on répand dans le discours, dans le maintien, et qui fait que l’on plait jusque dans les moindres choses. » (Louis-Nicolas BESCHERELLE, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française, Tome 2, 1856, Paris, éd. Garnier, Grâce, p. 57). — l’inverse est également vrai — et, sans doute, au fur et à mesure qu’elle avance sur son chemin, l’âme se pénètre de cette idée que la douceur est préférable à la dureté, que la souplesse vaut mieux que la rigidité et l’harmonie plus que la discorde. En toutes choses, les vieilles âmes (Simone Veil ou Cary Grant) sont des modèles d’élégance.

L’acquisition de l’élégance — car la distinction s’apprend, à défaut de pouvoir s’enseigner, par l’imitation des personnes élégantes11« Avec un peu d’usage de la société, vous acquerrez facilement l’élégance, qui git plus dans la manière de porter ses vêtements que dans les vêtements eux-mêmes. » (Louis VERARDI, Manuel du bon ton et de la politesse française, op. cit., p. 95). et la modération des mouvements du corps12« Beaucoup de gens croient trouver leur modèle d’élégance au théâtre. C’est là une opinion assez répandue pour que nous soyons amené à mettre en parallèle l’élégance de la femme du monde et celle de l’actrice. […] Remarquez une personne : si elle est élégante, elle ne marche point vite, elle ne parle point haut ni abondamment. Elle modère le jeu de sa physionomie, et quand elle rit, elle ne le fait jamais aux éclats. / On voit d’un trait que l’élégance du théâtre ne saurait être ce qu’elle est dans le monde. » (Vicomte DE MARENNES, Manuel de la femme et de l’homme comme il faut, op. cit., pp. 23 & 31). —, cet apprentissage suppose déjà une certaine sensibilité à l’élégance des autres, un goût peut-être inné pour tout ce qui n’est pas simplement utile mais agréable13« On n’enseigne pas l’élégance, on l’aime, on la voit, on la comprend d’intuition ; on se l’approprie, mais on n’en reçoit pas de leçons. » (Vicomte DE MARENNES, Manuel de la femme et de l’homme comme il faut, op. cit., p. 6)..

8. L’élégance dans les gestes résulte d’une certaine proportion entre le but qu’on se propose d’atteindre (attraper une tasse, enfiler sa veste, ouvrir une porte) et la manière dont on s’y emploie14« Les manières sont élégantes quand on emploie dans une exacte mesure l’expression nécessaire pour atteindre le but. » (Vicomte DE MARENNES, Manuel de la femme et de l’homme comme il faut, op. cit., p. 29). (point de gesticulation ni de maladresse, une gestuelle sûre mais sereine).

On croirait à tort que l’élégance véritable est purement physique, qu’elle pourrait, en somme, se payer le luxe d’escamoter l’élégance morale. La malveillance, l’affèterie ou la lâcheté — en un mot la noirceur de l’âme — gâtent les manières et disqualifient dans le monde15« Or l’élégance absolue, ou, si l’on aime mieux, l’idéal de l’élégance, a ses conditions inflexibles ; elle exige d’abord, ainsi que nous l’avons dit, de belles proportions : / De la grâce ; De la souplesse dans les mouvements. / Ensuite, pour le moral : / De la bienveillance ; / De la simplicité ; / De la délicatesse ; / De la magnificence ; / Du courage ; / Du savoir-vivre. » (Vicomte DE MARENNES, Manuel de la femme et de l’homme comme il faut, op. cit., pp. 19-20).. De la bonté, laquelle vient du cœur, ou, à défaut, de la vertu16« Il y a donc des dispositions morales essentiellement antipathiques à l’élégance ; de ce nombre : / La cupidité ; / La lâcheté ; / La sottise ; / L’affectation. » (Vicomte DE MARENNES, Manuel de la femme et de l’homme comme il faut, op. cit., p. 21)., que recommande l’intelligence : les gens élégants ne sauraient s’en dispenser.

3. Une distinction

9. Comme le savoir-vivre, l’élégance porte en elle une ambition moins avouable ; du moins a-t-elle pour conséquence de classer les êtres, de les distinguer les uns des autres dans une conception implicitement hiérarchisée des rapports sociaux.

Autrement dit — et si le lecteur veut bien tolérer une redondance aussi lourde —, la classe classe : avoir de la classese faire remarquer par son excellence ou sa prééminence »17Dictionnaire de l’Académie française, 9e éd., Classe, 6.) permet d’être bien classé (de se voir « Attribuer un [bon] rang selon un ordre de mérite ou de valeur »18Dictionnaire de l’Académie française, 9e éd., Classer, 2.).

« Aristocratie véritable »19« Sa mise négligée, ses cheveux plats, son air calme, témoignaient assez l’intention de ne point aller à la fête. Mais, dans la petitesse de sa pantoufle puce, dans l’arrangement décent et gracieux de sa robe grise, dans la blancheur de son cou, dans sa démarche souple et mesurée, il y avait plus d’aristocratie véritable que dans tous les joyaux d’Athénaïs. » (George Sand, Valentine, Tome 1, 1832, Paris, éd. Dupuy, chap. 2, p. 20)., l’élégance confère un prestige sans équivalent, dégage une séduction discrète et agit comme un charme, un sortilège enchanteur et envoûtant dont on se déprend d’autant moins facilement qu’il opère avec l’évidence de la douceur.

10. On l’a suggéré : l’authentique élégance ne se remarque pas20« La véritable élégance consiste à ne pas se faire remarquer. / (D’après une réponse de Brummell que l’on félicitait de son élégance aux courses d’Epsom et qui répliqua : « Je ne pouvais être élégant puisque vous l’avez remarqué. ») » (Maurice MALOUX, Dictionnaire des proverbes, sentences et maximes, 1990, Paris, éd. Larousse, p. 152)., du moins en apparence — elle n’attire ni les regards21« C’est sur cette observation que se fondait un élégant célèbre, lorsqu’il disait à de jeunes fashionables de Londres : « Vous saurez que vous êtes élégants, messieurs, lorsque, dans les rues, vous passerez sans être remarqués. » » (Vicomte DE MARENNES, Manuel de la femme et de l’homme comme il faut, op. cit., p. 52). ni les flatteries22« Chercher à captiver les suffrages du vulgaire, c’est chercher, en matière d’élégance, les voies de l’erreur. » (Vicomte DE MARENNES, Manuel de la femme et de l’homme comme il faut, op. cit., p. 51). mais la considération des gens supérieurs23« Les gens élégants se retrouvent entre mille. / Il y a en eux une affinité irrésistible : mêmes goûts, mêmes délicatesses, même langage. » (Vicomte DE MARENNES, Manuel de la femme et de l’homme comme il faut, op. cit., p. 12). : le domaine de l’élégance est un cercle confidentiel où les membres sont admis sur simples gestes, et de pures esquisses de sourire.

La lectrice aura saisi que l’élégance s’arrange plus facilement d’un mode de vie aisé ; les travaux pénibles ont des exigences qui compliquent la tâche du dandy putatif24« Les grâces de l’élégant sont essentiellement des grâces de salon, elles ne peuvent souffrir de campagne que les parcs d’un château, et tout autre voisinage les ternirait. » (Eugène RONTEIX, Manuel du Fashionable, 1829, Paris. éd. Audot, p. 123). — mais l’autrice a un jour croisé, au détour d’un chemin boueux, un couple aussi bien mis qu’assorti et, pour tout dire, bien plus élégant qu’elle, citadine de son état.

11. C’est qu’en fait d’élégance, la qualité des vêtements, leur fraîcheur et ajustement comptent définitivement moins que la manière de les porter25« La toilette est donc le critérium de l’homme du monde ; mais il ne faut pas en conclure que le luxe du vêtement donne de l’élégance à celui qui le porte. / Il y a des gens, des femmes surtout, qui sont parées de rien, et d’autres que toutes les somptuosités du costume ne parviennent pas à habiller. » (Paul BURANI, Guide-manuel de la civilité française, 1879, Paris, éd. Le Bailly, p. 98). — « […] il en est sûr qui les beaux vêtements pleurent »26MONTAIGNE, Les Essais [en français moderne], 1592, Paris, éd. Gallimard [2009], coll. Quarto, Livre III, chap. 6, p. 1092., met en garde Montaigne.

Si l’élégance réclame un certain nombre de soins (soins du corps et soins du linge), elle exige autant d’attentions (attentions au comportement et aux attitudes)27« Sorte d’agrément qui ressemble assez à la grâce, si ce n’est que celle-ci est souvent un don de la nature et l’autre un résultat de l’art, et qui consiste, dans les individus, à avoir une taille svelte, flexible ; les membres délicats, les mouvements souples et en harmonie avec le sexe, l’âge, la condition, l’action instantanée, des vêtements dont la propreté, la fraîcheur, la disposition flattent les yeux d’abord et ne perdent rien à l’examen. » (Louis-Nicolas BESCHERELLE, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française, Tome 1, 1856, Paris, éd. Garnier, Élégance, p. 1088). — elle est affaire de détail, de quantité de détails insignifiants qui ont pourtant une importance considérable28« […] il faut si peu pour être élégant, et si peu pour ne pas l’être. » (Vicomte DE MARENNES, Manuel de la femme et de l’homme comme il faut, op. cit., p. 54)..

12. De la distinction morale (la bonté et la vertu), on en est venu à la distinction sociale (le prestige et la séduction) ; ajoutons-y la distinction psychologique, celle qui permet de s’affirmer et d’afficher son tempérament.

Marque du caractère, de la volonté, de la détermination29« Sans caractère décidé, point d’élégance. / Un enfant n’est jamais élégant, car rien n’est caractérisé en lui ; il est gracieux. » (Vicomte DE MARENNES, Manuel de la femme et de l’homme comme il faut, op. cit., p. 12). (on n’est point élégant par étourderie), l’élégance est propre à chacun puisqu’elle entretient des rapports étroits avec la personnalité. En effet, l’originalité seule pouvant être magnifiée, il est illusoire d’espérer devenir élégant à la façon des autres.

En art comme en élégance, et quoique les influences et les emprunts soient nécessaires, on ne fait jamais autre chose que de sublimer sa propre nature30« Bien connaître le trait caractéristique de sa personne, c’est posséder la science de s’habiller et les secrets de l’élégance. » (Vicomte DE MARENNES, Manuel de la femme et de l’homme comme il faut, op. cit., p. 51)..

Sources

Illustrations

  • 1
    « Élégance, elegantia, d’eligere, élire, choisir marque le soin qu’on met à choisir les mots et les tours, d’où résultent la pureté et la justesse jointes à la grâce et à l’harmonie. » (Benjamin LAFAYE, Dictionnaire des synonymes de la langue française, 5e éd., 1884, Paris, éd. Hachette, Élégance, p. 549).
  • 2
    « ELÉGANCE, s. f. (Belles-Lettr.) ce mot vient, selon quelques-uns, d’electus, choisi ; on ne voit pas qu’aucun autre mot latin puisse être son étymologie : en effet, il y a du choix dans tout ce qui est élégant. » (VOLTAIRE, « Élégance », dans dans DIDEROT, D’ALEMBERT & JAUCOURT, L’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Tome 5, 1751/1772, p. 482).
  • 3
    Louis-Nicolas BESCHERELLE, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française, Tome 1, 1856, Paris, éd. Garnier, Allure, p. 139.
  • 4
    Voltaire, « Élégance », dans Diderot & D’Alembert, L’Encyclopédie, op. cit., Tome 5, p. 482.
  • 5
    « […] tout ce qui n’est pas simple n’est jamais élégant. » (Vicomte DE MARENNES, Manuel de la femme et de l’homme comme il faut, 1855, Paris, éd. Librairie nouvelle, p. 12).
  • 6
    « Beaucoup de femmes, parce qu’elles sont riches, s’imaginent avoir le droit de porter des diamants, des plumes, des dentelles ; elles se trompent. Un pareil droit n’est point donné par les accidents de la fortune ; il émane directement de la nature. Ces femmes commettent des usurpations contre lesquelles protestent leur langage et leur physionomie. » (Vicomte DE MARENNES, Manuel de la femme et de l’homme comme il faut, op. cit., p. 52).
  • 7
    « Le goût exige impérieusement que tout ce qui compose la toilette soit parfaitement assorti. » (Louis VERARDI, Manuel du bon ton et de la politesse française, 1853, Paris, éd. Passard, p. 101).
  • 8
    « Ce n’est ni dans la richesse d’une toilette, ni dans la rareté des étoffes, ni dans la coupe plus ou moins imprévue des habits que gît l’élégance ; c’est uniquement dans l’effet produit par la combinaison de ces choses avec le jeu des proportions humaines. » (Vicomte DE MARENNES, Manuel de la femme et de l’homme comme il faut, op. cit., p. 51).
  • 9
    « Le développement de l’estomac est presque toujours lié au penchant à la gastronomie. Or, le gastrolâtre est égoïste et sensuel : la vie matérielle prédomine en lui. Le cerveau fonctionne d’autant moins que l’estomac fonctionne davantage, et c’est pour cela, remarquez-le bien, qu’on vieillit par le ventre plus que par le visage. Ceci est la règle qui n’exclut jamais l’exception, comme chacun sait. Cette disposition est donc essentiellement contraire à l’élégance. » (Vicomte DE MARENNES, Manuel de la femme et de l’homme comme il faut, op. cit., pp. 40-41).
  • 10
    « Ce qui plaît avec attrait, charme secret qui invite à regarder une personne ou une chose, qui attire, qui remplit l’âme d’un sentiment doux. La grâce naît d’une politesse naturelle accompagnée d’une noble liberté ; c’est un vernis qu’ on répand dans le discours, dans le maintien, et qui fait que l’on plait jusque dans les moindres choses. » (Louis-Nicolas BESCHERELLE, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française, Tome 2, 1856, Paris, éd. Garnier, Grâce, p. 57).
  • 11
    « Avec un peu d’usage de la société, vous acquerrez facilement l’élégance, qui git plus dans la manière de porter ses vêtements que dans les vêtements eux-mêmes. » (Louis VERARDI, Manuel du bon ton et de la politesse française, op. cit., p. 95).
  • 12
    « Beaucoup de gens croient trouver leur modèle d’élégance au théâtre. C’est là une opinion assez répandue pour que nous soyons amené à mettre en parallèle l’élégance de la femme du monde et celle de l’actrice. […] Remarquez une personne : si elle est élégante, elle ne marche point vite, elle ne parle point haut ni abondamment. Elle modère le jeu de sa physionomie, et quand elle rit, elle ne le fait jamais aux éclats. / On voit d’un trait que l’élégance du théâtre ne saurait être ce qu’elle est dans le monde. » (Vicomte DE MARENNES, Manuel de la femme et de l’homme comme il faut, op. cit., pp. 23 & 31).
  • 13
    « On n’enseigne pas l’élégance, on l’aime, on la voit, on la comprend d’intuition ; on se l’approprie, mais on n’en reçoit pas de leçons. » (Vicomte DE MARENNES, Manuel de la femme et de l’homme comme il faut, op. cit., p. 6).
  • 14
    « Les manières sont élégantes quand on emploie dans une exacte mesure l’expression nécessaire pour atteindre le but. » (Vicomte DE MARENNES, Manuel de la femme et de l’homme comme il faut, op. cit., p. 29).
  • 15
    « Or l’élégance absolue, ou, si l’on aime mieux, l’idéal de l’élégance, a ses conditions inflexibles ; elle exige d’abord, ainsi que nous l’avons dit, de belles proportions : / De la grâce ; De la souplesse dans les mouvements. / Ensuite, pour le moral : / De la bienveillance ; / De la simplicité ; / De la délicatesse ; / De la magnificence ; / Du courage ; / Du savoir-vivre. » (Vicomte DE MARENNES, Manuel de la femme et de l’homme comme il faut, op. cit., pp. 19-20).
  • 16
    « Il y a donc des dispositions morales essentiellement antipathiques à l’élégance ; de ce nombre : / La cupidité ; / La lâcheté ; / La sottise ; / L’affectation. » (Vicomte DE MARENNES, Manuel de la femme et de l’homme comme il faut, op. cit., p. 21).
  • 17
    Dictionnaire de l’Académie française, 9e éd., Classe, 6.
  • 18
    Dictionnaire de l’Académie française, 9e éd., Classer, 2.
  • 19
    « Sa mise négligée, ses cheveux plats, son air calme, témoignaient assez l’intention de ne point aller à la fête. Mais, dans la petitesse de sa pantoufle puce, dans l’arrangement décent et gracieux de sa robe grise, dans la blancheur de son cou, dans sa démarche souple et mesurée, il y avait plus d’aristocratie véritable que dans tous les joyaux d’Athénaïs. » (George Sand, Valentine, Tome 1, 1832, Paris, éd. Dupuy, chap. 2, p. 20).
  • 20
    « La véritable élégance consiste à ne pas se faire remarquer. / (D’après une réponse de Brummell que l’on félicitait de son élégance aux courses d’Epsom et qui répliqua : « Je ne pouvais être élégant puisque vous l’avez remarqué. ») » (Maurice MALOUX, Dictionnaire des proverbes, sentences et maximes, 1990, Paris, éd. Larousse, p. 152).
  • 21
    « C’est sur cette observation que se fondait un élégant célèbre, lorsqu’il disait à de jeunes fashionables de Londres : « Vous saurez que vous êtes élégants, messieurs, lorsque, dans les rues, vous passerez sans être remarqués. » » (Vicomte DE MARENNES, Manuel de la femme et de l’homme comme il faut, op. cit., p. 52).
  • 22
    « Chercher à captiver les suffrages du vulgaire, c’est chercher, en matière d’élégance, les voies de l’erreur. » (Vicomte DE MARENNES, Manuel de la femme et de l’homme comme il faut, op. cit., p. 51).
  • 23
    « Les gens élégants se retrouvent entre mille. / Il y a en eux une affinité irrésistible : mêmes goûts, mêmes délicatesses, même langage. » (Vicomte DE MARENNES, Manuel de la femme et de l’homme comme il faut, op. cit., p. 12).
  • 24
    « Les grâces de l’élégant sont essentiellement des grâces de salon, elles ne peuvent souffrir de campagne que les parcs d’un château, et tout autre voisinage les ternirait. » (Eugène RONTEIX, Manuel du Fashionable, 1829, Paris. éd. Audot, p. 123).
  • 25
    « La toilette est donc le critérium de l’homme du monde ; mais il ne faut pas en conclure que le luxe du vêtement donne de l’élégance à celui qui le porte. / Il y a des gens, des femmes surtout, qui sont parées de rien, et d’autres que toutes les somptuosités du costume ne parviennent pas à habiller. » (Paul BURANI, Guide-manuel de la civilité française, 1879, Paris, éd. Le Bailly, p. 98).
  • 26
    MONTAIGNE, Les Essais [en français moderne], 1592, Paris, éd. Gallimard [2009], coll. Quarto, Livre III, chap. 6, p. 1092.
  • 27
    « Sorte d’agrément qui ressemble assez à la grâce, si ce n’est que celle-ci est souvent un don de la nature et l’autre un résultat de l’art, et qui consiste, dans les individus, à avoir une taille svelte, flexible ; les membres délicats, les mouvements souples et en harmonie avec le sexe, l’âge, la condition, l’action instantanée, des vêtements dont la propreté, la fraîcheur, la disposition flattent les yeux d’abord et ne perdent rien à l’examen. » (Louis-Nicolas BESCHERELLE, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française, Tome 1, 1856, Paris, éd. Garnier, Élégance, p. 1088).
  • 28
    « […] il faut si peu pour être élégant, et si peu pour ne pas l’être. » (Vicomte DE MARENNES, Manuel de la femme et de l’homme comme il faut, op. cit., p. 54).
  • 29
    « Sans caractère décidé, point d’élégance. / Un enfant n’est jamais élégant, car rien n’est caractérisé en lui ; il est gracieux. » (Vicomte DE MARENNES, Manuel de la femme et de l’homme comme il faut, op. cit., p. 12).
  • 30
    « Bien connaître le trait caractéristique de sa personne, c’est posséder la science de s’habiller et les secrets de l’élégance. » (Vicomte DE MARENNES, Manuel de la femme et de l’homme comme il faut, op. cit., p. 51).