La folle loi du commentaire

1. Sur l’opinion

1. L’autrice aura connu les réseaux sociaux à l’âge de trente ans. Avant cela, elle avait lu des journaux, des magazines et des livres en papier ; elle connaissait les petites annonces mais n’y prêtait guère attention, et elle surfait sur internet (aujourd’hui on dit plutôt naviguer), elle consultait des sites statiques, lisait des contenus figés.

2. Ce(ux) qui faisai(en)t l’opinion étai(en)t institutionnalisé(s) : on savait d’où les gens parlaient, quelle autorité (relative) ils avaient pour le faire, en quelle qualité ils s’exprimaient ; l’actualité donnait le tempo et les opinions se répondaient par articles interposés. Il y avait quelque chose d’installé.

3. La presse et la télévision se faisaient l’écho de l’ordre établi ; le champ intellectuel était structuré, ce qui ne signifie point qu’il donnait une juste représentation de la réalité. Les chaînes d’information en continu n’existaient pas. On s’informait à heure fixe ou sur papier et quand les programmes étaient interrompus pour un flash information, c’est qu’il se passait vraiment quelque chose. L’autrice n’est pas nostalgique : elle évoque, pour témoigner de ce bouleversement considérable qu’auront été les nouvelles technologies dans l’histoire humaine.

4. Gravitant autour de l’information, de la communication et du divertissement (l’autrice aura connu Facebook, LinkedIn, Twitter, Netflix, YouTube, puis les plateformes de France télévision et d’Arte, qu’elle préfère désormais), ces technologies basées sur l’ordinateur, la télévision et l’internet remirent au goût du jour des mots et des concepts un peu anciens : l’adresse, le site, la plateforme, le profil, l’avatar1« […] « avatar » qui nomme le personnage fictif dont se dote un internaute pour se représenter lui-même dans la sociabilité virtuelle des forums de discussion ; de fait, le vieux mot sanskrit avatâra, origine directe de l’avatar cybernétique, désigne dans l’hindouisme l’apparence que prend un dieu par métamorphose pour apparaître sur terre parmi les hommes. » (Clarisse HERRENSCHMIDT, Les trois écritures. Langue, nombre, code, 2007, Paris, éd. Gallimard, coll. Bibliothèque des Sciences humaines, p. 420)., l’inscription, la connexion, le bannissement, etc.

5. Souvent des spécialistes (ou prétendus tels) font observer que ces technologies ne sont plus si nouvelles et qu’on ferait mieux de les qualifier autrement. Mais l’opinion commune en la matière demeure l’idée d’une nouveauté toujours à l’œuvre, nouveauté qui durera tant que ces technologies n’auront pas été régulées et stabilisées (les réseaux sont constamment rachetés et la loi de la jungle y règne), tant que ces techniques de communication n’auront pas été digérées par la machine du monde.

6. Si les gens s’y sont habitués (d’ailleurs, il n’est pas certain qu’une majorité de la population utilise quotidiennement ces gadgets et joujoux), les réseaux n’ont pas encore définitivement trouvé leurs procédés (algorithme) et usages (consultation).

7. Comparons simplement avec le livre imprimé, qui fut une nouveauté à la Renaissance et dont les modes de production et de consommation sont aujourd’hui fixés. Le lecteur sent bien que les réseaux sociaux, les livres numériques et même les sites internet n’ont pas acquis leur pleine maturité.

8. Pour l’instant, relevons en ce jour d’avril 2024 — la précision est importante car lorsqu’elle a commencé à écrire, l’autrice n’était encore jamais allée sur un réseau social (elle utilisait cependant une messagerie instantanée) —, relevons que les réseaux ignorent les hiérarchies classiques (autorité, connaissance, réputation), ce qui ne pouvait que chagriner les tenants et profiteurs de l’ordre ancien.

9. Si les réseaux prétendent ignorer toute hiérarchie en privilégiant l’horizontalité (mot à la mode qui ne veut rien dire), disons une égalité a priori des intervenants et commentateurs, internautes et influenceurs, en réalité ils substituent de nouvelles hiérarchies aux anciennes (nombre de vues, temps resté sur la page, niveau de rebond)2« Internet s’est construit autour de l’horizontalité, du réseau, de l’arborescence, dont on ne maîtrise pas l’évolution. Dans notre société hiérarchique et verticale, cela change forcément la donne. Car la puissance des réseaux sociaux ne dépend pas de votre statut, mais de votre implication réelle. Revient en force, aujourd’hui, une méritocratie de l’engagement, qui donne aux citoyens le sentiment de reprendre un peu la main. » (Cynthia FLEURY, « Les femmes sont contraintes de casser les codes », entretien avec Dalila Kerchouche, Le Figaro Madame [en ligne], 3 déc. 2016)., hiérarchies fondées sur des valeurs nouvelles et détestables (rentabilité financière, impact médiatique, puissance d’attraction).

10. Autrement dit, toute prise de parole — on parle bien de commentaire puisque pour l’essentiel, il ne s’agit que de commenter et non de proposer ou d’initier — est jugée sur sa capacité à créer de l’engagement, dit-on, plus exactement à retenir l’attention et à provoquer la discussion. C’est toute une pratique de la glose, de l’exégèse, plus prosaïquement du commérage et du bavardage qui ressurgit, assaisonnée à la sauce moderne (liberté) et post-moderne (subjectivité).

11. L’horizontalité que raillait l’autrice signifie moins l’absence de hiérarchie — était-ce réellement la supériorité des connaissances maîtrisées qui permettait d’accéder à la prise de parole publique ? — que la spontanéité, laquelle s’entend aussi bien de l’affranchissement et de la franchise que de la désinvolture et de l’irrévérence, voire de l’incongruité et du relâchement. On n’aurait pas de mot assez dur pour qualifier toute la fiente que charrient chaque heure les réseaux sociaux…

2. Sur la rumeur

12. Opinion et rumeur, dit-on. D’ailleurs, l’autrice avait d’abord songé au titre la folle loi de l’opinion, devenu folle loi du commentaire. Car tout commentaire n’est pas une opinion. On a déjà évoqué cette première moisson de la réflexion, à laquelle succède l’idée ; pour l’heure, envisageons l’opinion comme opinion publique, notion que la France doit à Voltaire3« Dans l’aventure horrible des Calas, la voix publique s’est élevée contre un capitoul fanatique qui poursuivit la mort d’un juste, & contre huit magistrats trompés qui la signèrent. Je n’entends pas ici par voix publique celle de la populace qui est presque toujours absurde : ce n’est point une voix ; c’est un cri de brutes. Je parle de cette voix de tous les honnêtes gens réunis qui réfléchissent, & qui avec le temps portent un jugement infaillible. » (VOLTAIRE, La méprise d’Arras, 1771, Lausanne, éd. Grasset, p. 6)..

13. L’opinion est un jugement vraisemblable4« Opinion, opinio, s. f. (Logique.)​ est un mot qui signifie une créance fondée sur un motif probable, ou un jugement de l’esprit douteux & incertain. » (ANONYME, « Opinion », dans DIDEROT & D’ALEMBERT (dir.), L’Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Tome 11, 1751/1772, Paris, éd. Le Breton, Durand, Briasson & David, p. 506)., ni complètement fantaisiste ni tout à fait établi (disons que la probabilité en est le critère5« Selon les Logiciens, la démonstration produit la science ou la connaissance certaine, & les arguments probables produisent l’opinion» (ANONYME, « Opinion », dans DIDEROT & D’ALEMBERT (dir.), L’Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Tome 11, 1751/1772, Paris, éd. Le Breton, Durand, Briasson & David, p. 507).), l’opinion publique étant l’opinion partagée par une majorité de gens sur tel sujet. C’est le nombre qui fait autorité ou, à défaut, qui doit peser sur la décision publique. Si cette voix publique comme disait Voltaire, devenue opinion publique depuis, est prise comme une abstraction, elle procède dans les faits d’un agrégat d’opinions privées.

14. Mais l’opinion publique s’entend-elle de la simple somme des avis émis (ou simplement pensés) sur telle question par l’ensemble des citoyens d’un pays ? Sans doute que non et c’est pourquoi l’opinion publique est si difficile à saisir — les sondages d’opinions, honteusement orientés dans leurs questionnements, n’en donnent qu’un reflet biaisé —, d’autant plus que cette abstraction repose elle-même sur un mythe : le peuple, le bon sens populaire.

15. Folle loi du commentaire, disait-on en ouverture, car c’est d’abord le nombre de commentaires (ou plus globalement le nombre de vues et d’interactions) qui permet à la plateforme de distinguer — à travers des algorithmes programmés — les publications à mettre en évidence (promotion) et celles à mettre de côté (dissimulation).

16. En choisissant de privilégier ou de censurer tel type de publication — car tout commentaire est désormais promu au rang de publication, terme qui a malgré tout l’intérêt d’insister sur le caractère public des opinions émises (il y a des tweets qui ont déclenché des lynchages, des procès et des condamnations) —, en écartant ou en valorisant un post plutôt qu’un autre (c’est-à-dire un message, un billet, un article, anglicisme qui ramène à la création de la poste à chevaux sous Louis XI), on forge des fils de discussion et d’actualité qui deviennent la caisse de résonnance des propres opinions de l’internaute.

17. Désormais, chacun ne voit que ce qu’il aime, ce qu’il choisit de voir ou considère comme fondé — sauf à déployer des efforts considérables pour déjouer les algorithmes de la plateforme ou à multiplier les sources et même les canaux d’information. On peut y voir un progrès en songeant que l’information n’est plus descendante (autre terme qui ne veut pas dire grand-chose ou plutôt refuse de dire ce qu’il signifie) ; on doit songer qu’il n’existe pas de démocratie ni même de société sans une réalité commune et partagée.

18. Pourtant, l’autrice n’est pas si inquiète de l’avenir et, ne croyant guère vivre la fin du monde mais un simple changement d’époque comme l’histoire en a toujours connu, elle fait confiance aux générations futures pour digérer les bifurcations de son temps et s’adapter aux nouveaux impératifs du monde. L’erreur commune est de penser que le XXIe siècle est un aboutissement, alors qu’il n’est probablement qu’un milieu, peut-être même un commencement…

19. Folle loi du commentaire, donc. L’autrice a été généreuse car le commentaire s’entend à la fois d’un « Ensemble d’observations, de remarques sur un livre, sur un auteur, sur un texte, pour en faciliter l’intelligence», de l’« Explication, [de l’] éclaircissement que l’on fournit sur un fait, un évènement » et de l’« Ensemble des réflexions personnelles d’un journaliste, destiné à éclairer le lecteur ou l’auditeur sur la signification et la portée d’un fait. »6Dictionnaire de l’Académie française, 9e éd., Commentaire, 1, 2 & 3. Faciliter l’intelligence, éclaircir un évènement, éclairer le lecteur : excusez du peu.

20. Songez que le titre original de l’ouvrage de Jules César publié au premier siècle avant Jésus-Christ donne en français Commentaires sur la guerre des Gaules. Il n’est pas certain que beaucoup d’internautes lui arrivent à la cheville. Car que fait-on sur les réseaux à défaut de commenter ? On critique, on vitupère, on déforme, on ment.

21. C’est le triomphe aussi absolu que consternant de la rumeur publique, à ceci près que l’on n’a pas réellement à assumer la teneur de ses propos7« [Les potins sont] Souvent drôles au départ, plus drôles que désobligeants. On s’en amuse, on les lance pour rire. Puis, selon un mécanisme infaillible, le potin prend du poids, du ventre, de la bouteille ; les gens y croient ; il impressionne et finit presque toujours par nuire. Telle est la trajectoire du potin mondain, espèce vivace et dont il faut se méfier si l’on ne veut pas avoir à en souffrir. » (Edmonde CHARLES-ROUX, Guide du savoir-vivre, 1965, Paris, éd. Grasset, Potins, p. 157). — en tout cas pas en face, puisque les échanges s’opèrent par écrans interposés. D’ailleurs, il est à peu près acquis que la levée de l’anonymat ne changerait pas grand-chose à cet état de fait…

22. « Les réseaux sociaux ont donné le droit de parole à des légions d’imbéciles »8« Les réseaux sociaux ont donné le droit de parole à des légions d’imbéciles qui, avant, ne parlaient qu’au bar, après un verre de vin et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite alors qu’aujourd’hui ils ont le même droit de parole qu’un prix Nobel. C’est l’invasion des imbéciles. » (Umberto ECO, « Umberto Eco attacca i social: Internet ha dato diritto di parola agli imbecilli » (Umberto Eco attaque les réseaux sociaux : « Internet a donné la parole aux imbéciles »), Il Messaggero [en ligne], 11 juin 2015, traduction de l’autrice)., disait l’immense homme de culture italien Umberto Eco. C’est indiscutable. Mais, commentera une autrice malicieuse, c’est admettre que les gens ordinaires n’avaient aucun droit de parole effectif avant l’avènement des réseaux — ce qui est tout aussi indiscutable —, l’autrice qui se souvient que le mouvement #MeToo n’a pu révéler les incessantes agressions subies par les femmes que parce que la parole y est libre et anarchique.

23. Généralement la rumeur publique s’échine à dire du mal : simple médisance9« Il est malheureusement trop vrai que la médisance peut quelquefois détruire ou compromettre les réputations les plus légitimes et les plus solidement établies. » (Paul JACQUINET, « Sévigné », dans Philippe LE BAS (dir.), Dictionnaire encyclopédique de la France, Tome 12, 1845, Paris, éd. Didot, p. 478). ou odieuse diffamation10« Il faut qu’enfin sur lui mon doute s’éclaircisse. / Souvent le bruit public est méchant ou trompeur. / Jugeons donc par nous-même et pénétrons son cœur. » (Claude GODARD D’AUCOURT DE SAINT-JUST, L’Avare fastueux, Paris, Théâtre de l’Impératrice, 27 nov. 1805, Acte II, scène 6, Rosalban, à part)., elle réveille en l’homme ce qu’il a de plus vil, le goût de critiquer, de dénigrer, de traîner dans la boue11« Elle est sale glauque et grise, insidieuse et sournoise, d’autant plus meurtrière qu’elle est impalpable. On ne peut pas l’étrangler. Elle glisse entre les doigts comme la muqueuse immonde autour de l’anguille morte. Elle sent. Elle pue. Elle souille. C’est la rumeur. » (Pierre DESPROGES, « La rumeur », 10 févr. 1986, Chroniques de la haine ordinaire, Tome 2, 2004, Paris, éd. du Seuil, coll. Points, p. 7).. Ajoutons que la rumeur publique — « l’avis du plus grand nombre, souvent défavorable à l’égard d’une ou de plusieurs personnes »12Dictionnaire de l’Académie française, 9e éd., Rumeur, 2, loc. — n’est pas l’opinion publique, laquelle porte plutôt sur un jugement de valeur.

24. Trois observations (ou commentaires) avant de conclure : premièrement, la liberté d’expression ne saurait aller jusqu’à l’insulte ni à l’injure13« Une chose qui doit nécessairement ôter beaucoup de délicatesse à une nation, c’est la liberté indéfinie de la presse, qui produit tant de libelles et de pamphlets injurieux ; leur multiplicité finit bientôt par rendre insensible à la calomnie, et alors tous les sentiments d’honneur deviennent moins délicats. » (Mme DE GENLIS, Dictionnaire critique et raisonné des étiquettes de la cour, Tome 1, 1818, Paris, éd. Mongie, Délicatesse, p. 125). ; deuxièmement, la rumeur ne saurait tenir lieu d’opinion et encore moins d’arrêt incontestable et définitif ; troisièmement, toute parole publique devrait être énoncée avec la plus grande précaution14« Quand vos paroles ou vos actions devront être publiques, ayez toujours soin de tenir compte des reflets colorants. » (Victor HUGO, « Tas de pierres. Règles pour le penseur », Océan / Tas de pierre, 1942 [Posthume], Paris, éd. Albin Michel, p. 314)., singulièrement lorsque ce sont des personnages publics ou responsables politiques qui ouvrent la bouche.

25. Mais ayant dit cela (et alors même qu’elle finira par quitter Twitter et LinkedIn), la rédactrice ne condamne pas les réseaux. Car même s’ils rassemblent un catalogue des opinions actuelles les plus immondes et qu’ils poussent les internautes à se radicaliser dans leurs jugements — rien que le mot jugement est trop ambitieux pour qualifier les billevesées et quolibets qui s’échangent sur internet, tant on y redouble d’invention dans l’abjection et la vulgarité —, l’avènement des réseaux aura soufflé un vent de liberté sur des peuples jadis réduits au silence. De nouveaux droits auront été acquis ; la fange passera en pertes et profits. Des réseaux comme du reste, le monde reviendra.

Références

— Articles

  • ANONYME, « Opinion », dans DIDEROT & D’ALEMBERT (dir.), L’Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Tome 11, 1751/1772, Paris, éd. Le Breton, Durand, Briasson & David.
  • Pierre DESPROGES, « La rumeur », 10 févr. 1986, Chroniques de la haine ordinaire, Tome 2, 2004, Paris, éd. du Seuil, coll. Points.
  • Umberto ECO, « Umberto Eco attacca i social: Internet ha dato diritto di parola agli imbecilli », Il Messaggero [en ligne], 11 juin 2015.
  • Cynthia FLEURY, « Les femmes sont contraintes de casser les codes », entretien avec Dalila Kerchouche, Le Figaro Madame [en ligne], 3 déc. 2016.
  • Paul JACQUINET, « Sévigné », dans Philippe LE BAS (dir.), Dictionnaire encyclopédique de la France, Tome 12, 1845, Paris, éd. Didot.

— Ouvrages

Illustrations

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    « […] « avatar » qui nomme le personnage fictif dont se dote un internaute pour se représenter lui-même dans la sociabilité virtuelle des forums de discussion ; de fait, le vieux mot sanskrit avatâra, origine directe de l’avatar cybernétique, désigne dans l’hindouisme l’apparence que prend un dieu par métamorphose pour apparaître sur terre parmi les hommes. » (Clarisse HERRENSCHMIDT, Les trois écritures. Langue, nombre, code, 2007, Paris, éd. Gallimard, coll. Bibliothèque des Sciences humaines, p. 420).
  • 2
    « Internet s’est construit autour de l’horizontalité, du réseau, de l’arborescence, dont on ne maîtrise pas l’évolution. Dans notre société hiérarchique et verticale, cela change forcément la donne. Car la puissance des réseaux sociaux ne dépend pas de votre statut, mais de votre implication réelle. Revient en force, aujourd’hui, une méritocratie de l’engagement, qui donne aux citoyens le sentiment de reprendre un peu la main. » (Cynthia FLEURY, « Les femmes sont contraintes de casser les codes », entretien avec Dalila Kerchouche, Le Figaro Madame [en ligne], 3 déc. 2016).
  • 3
    « Dans l’aventure horrible des Calas, la voix publique s’est élevée contre un capitoul fanatique qui poursuivit la mort d’un juste, & contre huit magistrats trompés qui la signèrent. Je n’entends pas ici par voix publique celle de la populace qui est presque toujours absurde : ce n’est point une voix ; c’est un cri de brutes. Je parle de cette voix de tous les honnêtes gens réunis qui réfléchissent, & qui avec le temps portent un jugement infaillible. » (VOLTAIRE, La méprise d’Arras, 1771, Lausanne, éd. Grasset, p. 6).
  • 4
    « Opinion, opinio, s. f. (Logique.)​ est un mot qui signifie une créance fondée sur un motif probable, ou un jugement de l’esprit douteux & incertain. » (ANONYME, « Opinion », dans DIDEROT & D’ALEMBERT (dir.), L’Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Tome 11, 1751/1772, Paris, éd. Le Breton, Durand, Briasson & David, p. 506).
  • 5
    « Selon les Logiciens, la démonstration produit la science ou la connaissance certaine, & les arguments probables produisent l’opinion» (ANONYME, « Opinion », dans DIDEROT & D’ALEMBERT (dir.), L’Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Tome 11, 1751/1772, Paris, éd. Le Breton, Durand, Briasson & David, p. 507).
  • 6
    Dictionnaire de l’Académie française, 9e éd., Commentaire, 1, 2 & 3.
  • 7
    « [Les potins sont] Souvent drôles au départ, plus drôles que désobligeants. On s’en amuse, on les lance pour rire. Puis, selon un mécanisme infaillible, le potin prend du poids, du ventre, de la bouteille ; les gens y croient ; il impressionne et finit presque toujours par nuire. Telle est la trajectoire du potin mondain, espèce vivace et dont il faut se méfier si l’on ne veut pas avoir à en souffrir. » (Edmonde CHARLES-ROUX, Guide du savoir-vivre, 1965, Paris, éd. Grasset, Potins, p. 157).
  • 8
    « Les réseaux sociaux ont donné le droit de parole à des légions d’imbéciles qui, avant, ne parlaient qu’au bar, après un verre de vin et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite alors qu’aujourd’hui ils ont le même droit de parole qu’un prix Nobel. C’est l’invasion des imbéciles. » (Umberto ECO, « Umberto Eco attacca i social: Internet ha dato diritto di parola agli imbecilli » (Umberto Eco attaque les réseaux sociaux : « Internet a donné la parole aux imbéciles »), Il Messaggero [en ligne], 11 juin 2015, traduction de l’autrice).
  • 9
    « Il est malheureusement trop vrai que la médisance peut quelquefois détruire ou compromettre les réputations les plus légitimes et les plus solidement établies. » (Paul JACQUINET, « Sévigné », dans Philippe LE BAS (dir.), Dictionnaire encyclopédique de la France, Tome 12, 1845, Paris, éd. Didot, p. 478).
  • 10
    « Il faut qu’enfin sur lui mon doute s’éclaircisse. / Souvent le bruit public est méchant ou trompeur. / Jugeons donc par nous-même et pénétrons son cœur. » (Claude GODARD D’AUCOURT DE SAINT-JUST, L’Avare fastueux, Paris, Théâtre de l’Impératrice, 27 nov. 1805, Acte II, scène 6, Rosalban, à part).
  • 11
    « Elle est sale glauque et grise, insidieuse et sournoise, d’autant plus meurtrière qu’elle est impalpable. On ne peut pas l’étrangler. Elle glisse entre les doigts comme la muqueuse immonde autour de l’anguille morte. Elle sent. Elle pue. Elle souille. C’est la rumeur. » (Pierre DESPROGES, « La rumeur », 10 févr. 1986, Chroniques de la haine ordinaire, Tome 2, 2004, Paris, éd. du Seuil, coll. Points, p. 7).
  • 12
    Dictionnaire de l’Académie française, 9e éd., Rumeur, 2, loc.
  • 13
    « Une chose qui doit nécessairement ôter beaucoup de délicatesse à une nation, c’est la liberté indéfinie de la presse, qui produit tant de libelles et de pamphlets injurieux ; leur multiplicité finit bientôt par rendre insensible à la calomnie, et alors tous les sentiments d’honneur deviennent moins délicats. » (Mme DE GENLIS, Dictionnaire critique et raisonné des étiquettes de la cour, Tome 1, 1818, Paris, éd. Mongie, Délicatesse, p. 125).
  • 14
    « Quand vos paroles ou vos actions devront être publiques, ayez toujours soin de tenir compte des reflets colorants. » (Victor HUGO, « Tas de pierres. Règles pour le penseur », Océan / Tas de pierre, 1942 [Posthume], Paris, éd. Albin Michel, p. 314).