Comment écrire un livre

1. L’expression d’une idée. Un livre est un texte structuré, plus ou moins long, qui expose une théorie, fait le tour d’une question, raconte une histoire. On peut écrire pour soi ou pour les autres, à des fins personnelles ou professionnelles, avec plaisir ou par obligation. Peu importe. L’écriture d’un livre doit toujours viser à l’expression d’une idée.

On n’écrit pas sans avoir quelque chose à dire1« Il est beau d’être un grand écrivain, de tenir les hommes dans la poêle à frire de sa phrase et de les y faire sauter comme des marrons — il doit y avoir de délirants orgueils à sentir qu’on pèse sur l’humanité de tout le poids de son idée. Mais il faut pour cela avoir quelque chose à dire. Or je vous avouerai qu’il me semble que je n’ai rien que n’aient les autres, ou qui n’ait été aussi bien dit, ou qui ne puisse l’être mieux. » (Gustave FLAUBERT, Lettre à Louise Colet, le 3 nov. 1851, à Croisset). et, si l’on est obligé de s’y coller, il faut tâcher de faire autre chose que de remplir des pages. Des pages qui, après tout, ne sont pas responsables de l’ordre qu’on vous a donné et n’ont jamais demandé à être noircies de vos inepties.

2. Le choix d’un genre. Une fois l’idée du livre esquissée, vous pouvez choisir de lui donner corps en argumentant votre point de vue (c’est l’essai), en inventant des péripéties (c’est le roman), en mettant en scène les rapports sociaux (c’est le théâtre), en suggérant des émotions, des impressions, des sensations (c’est la poésie) ou en détaillant la mise en œuvre d’un savoir-faire (c’est le livre professionnel, le livre blanc).

À nouveau, peu importe. Essai, poésie, théâtre, roman ou même bande dessinée : tous les genres se valent2« Il n’est pas de genres inférieurs ; il n’est que des productions ratées, et le bouffon qui divertit prime le tragique qui n’émeut pas. » (Georges Courteline, « La philosophie de Courteline », Les Annales politiques et littéraires, 24 déc. 1916, n° 1748, p. 639).. À condition toutefois que l’ouvrage se fasse l’écho d’un regard sur le monde, qu’il ait quelque chose à dire. Les aventures d’Astérix ne surpassent-elles pas en valeur bien des essais, bien des poèmes, bien des romans ?

Livre

(Nom masculin)

1. (Support) Réunion de plusieurs cahiers de pages manuscrites ou imprimées3LITTRÉ, Dictionnaire en ligne, Livre, 1., assemblage de feuilles imprimées et réunies en un volume, broché ou relié4LAROUSSE, Dictionnaire en ligne, Livre, 1..

2. (Œuvre) Ouvrage d’esprit, soit en prose, soit en vers, d’assez grande étendue pour faire au moins un volume5LITTRÉ, Dictionnaire en ligne, Livre, 4..

3. (Figuré) Ce qui offre une source de connaissance, d’enseignement, d’instruction, à qui peut le déchiffrer6LAROUSSE, Dictionnaire en ligne, Livre, 6., ce qui enseigne, instruit comme fait un livre7LITTRÉ, Dictionnaire en ligne, Livre, 5. (le grand livre de la nature, le livre du monde, le livre de la vie).

3. La construction d’une cathédrale. L’écriture d’un livre est un vrai travail. Un travail sérieux, ambitieux et exigeant, un travail qui doit être entrepris en toute connaissance de cause, mais qui est à votre portée si vous suivez scrupuleusement une (bonne) méthode et si vous apprenez à vous organiser.

L’écriture d’un livre n’est jamais qu’un avatar du pilotage de projet (1). Autrement dit, si la gestion de projet est un genre, l’écriture d’un livre en est une espèce, une espèce certes un peu particulière puisqu’il va s’agir d’élaborer et de mettre en forme le contenu du livre (2) qui constituera le cœur de l’objet livresque (3).

1. Le pilotage du projet

4. Le lieu du crime. Il fut un temps où la rédaction d’un livre relevait de l’exploit. Il fallait d’abord avoir appris à lire et à écrire. Il fallait ensuite se procurer un support (parchemin), des plumes (qu’on taillait soi-même) et de l’encre (dans laquelle on trempait sa plume plusieurs fois par phrase).

Il fallait enfin disposer d’une pièce prévue à cet effet. C’est la fonction dévolue aux bibliothèques, aux cabinets, aux études. Les moines copistes, eux, écrivaient au scriptorium. C’était dans les monastères la seule pièce chauffée, ce confort étant rendu nécessaire par l’impossibilité d’écrire avec les doigts gourds8« Figurez-vous tous les préparatifs indispensables pour une installation d’hiver, et plus la maison est petite, plus il est difficile d’y être bien sans de grands soins. Nous arriverons à y avoir chaud ; il est bien nécessaire de n’avoir pas les doigts engourdis pour griffonner. » (George SAND, Lettre à Édouard Rodrigues, 29 octobre 1864, à Palaiseau, dans George SAND, Correspondance. 1812-1876, Tome V, 1884, Paris, éd. Calmann Lévy, p. 64)..

Vous me direz qu’on trouve encore des appartements mal isolés dans lesquels des intellectuels statiques doivent s’emmitoufler dans des plaids pour taper au clavier…

5. Le choix des armes. La rédaction d’un ouvrage suppose la réunion de quatre conditions : un rédacteur (vous), du temps9Des centaines ou des milliers d’heures…, un lieu et un nécessaire à écrire. Dans une époque de l’abondance, le choix des moyens concrets de l’écriture vous incombe : ordinateur, tablette, machine à écrire, feuilles de papier (ou cahier) et stylo (à encre ou à plume).

Sélectionnez l’outil avec lequel vous êtes le plus à l’aise. Choisissez ensuite un lieu où vous pourrez travailler au calme, confortablement et sans perturbation extérieure : la chambre, le bureau, le salon, le jardin10Voyez, par exemple, le look-out de Victor HUGO à Hauteville.. Dans votre agenda, réservez enfin des plages horaires que vous consacrerez à la rédaction de votre ouvrage11Une demi-heure chaque matin, une heure chaque soir, une demi-journée par semaine, pendant vos week-ends ou vos vacances..

L’emploi du temps est un point cardinal de la rédaction d’un livre (1.2). L’autre aspect, sans doute plus important encore, est le versant psychologique de l’écriture, pour l’essentiel la gestion du doute (1.1).

1.1. La gestion du doute

6. Des hauts et des bas. À dire vrai, le livre n’a que deux points de départ : vous-même ou quelqu’un d’autre. C’est la différence entre l’ouvrage personnel et le travail de commande, l’autobiographie ou le mémoire de fin d’études.

Or cette considération influence nécessairement la motivation, donc la créativité. Avoir à écrire un livre quand on n’en a pas envie est une corvée. Mais le livre que l’on s’est donné à écrire à soi-même peut tout aussi bien finir en pensum12« [À propos de Tristes Tropiques] … c’est un livre que j’ai écrit, je dirais presque dans l’exaspération et dans l’horreur. […] ça n’est pas du tout ce que j’avais envie de faire, j’avais envie de faire de la science […]. Et Tristes Tropiques a été écrit en 4 mois, […] comme une sorte de pensum dont il fallait absolument que je me débarrasse parce que, je n’avais pas le goût de parler de moi, j’avais pas le goût de raconter des petites histoires, des petits détails de voyage. » (Claude LÉVI-STRAUSS, interview par Bernard PIVOT, Apostrophes, Antenne 2, 4 mai 1984)..

Les commencements d’un livre ont leur charme. L’achèvement est souvent plus douloureux. Entre les deux, on est sur des montagnes russes. Canaliser ou soutenir sa créativité, dilater ses idées ou ciseler son verbe, il n’y a pas à choisir, il faut faire les deux, tour à tour.

7. Le plein et le vide. Rapportée à l’écriture, la gestion du doute n’est jamais que la gestion de sa propre créativité. En la matière, il y a le peu ou le trop, le syndrome de la page blanche ou l’absence de structure. Soit vous séchez, soit vous foisonnez d’idées, il y a rarement d’entre-deux.

Dans le premier cas, vous procrastinez, laissez filer le temps et finissez par pondre un truc très médiocre au dernier moment. Dans le second cas, vous écrivez au kilomètre des dizaines de pages, vous multipliez les recherches, vous doublez votre travail de cartes mentales sans que votre livre (le « produit fini ») n’avance d’un pouce.

La créativité naît de la friction des idées. Si vous manquez d’inspiration, documentez-vous sur votre sujet, lisez des articles, regardez des films, interrogez des professionnels. Si, au contraire, vous n’avez que trop d’idées, revenez constamment au plan de l’ouvrage, au programme de travail, au calendrier de rédaction (voir le n°9).

8. Vous et les autres. L’écriture d’un livre est toujours une épreuve de vérité. Des talents cachés peuvent se révéler autant que des failles psychologiques13Le perfectionnisme qui pousse à ne jamais achever l’œuvre ou, au contraire, la dispersion qui empêche de s’asseoir à sa table pour écrire jour après jour, page après page.. Du point de vue de la confiance en soi, l’écriture ne peut avoir que deux ennemis, qu’il convient d’identifier et d’affronter dès le début : soi et les autres, vous et votre entourage.

Il n’est jamais à exclure que vos proches veuillent mettre leur grain de sel dans votre manuscrit ou vous donner des leçons sur ce qu’ils seraient bien incapables d’entreprendre… Et s’ils ne vous posent pas la question, attendez-vous à ce que votre petite voix intérieure vous demande chaque jour si vous êtes capable d’écrire un livre, si vous êtes bien légitime, s’il sera utile, si vous arriverez au bout, etc.

Pour ne pas vous laisser impressionner par l’ampleur de la tâche, évitez de considérer l’œuvre dans son ensemble. Regardez-la par le petit bout de la lorgnette et donnez-vous simplement à résoudre ce problème qui traverse toute l’écriture : la gestion du temps.

1.2. La gestion du temps

9. Le rythme et la durée. Avant d’être un saut dans le vide, l’écriture d’un livre est donc un projet. Un projet qui, selon le vœu d’ARISTOTE, doit comporter un début, un milieu et une fin14« J’appelle entier ce qui a un commencement, un milieu et une fin. Le commencement est ce qui ne suppose rien avant soi, mais qui veut quelque chose après. La fin, au contraire, est ce qui ne demande rien après soi, mais qui suppose nécessairement, ou le plus souvent, quelque chose avant soi. Le milieu est ce qui suppose quelque chose avant soi, et qui demande quelque chose après. » (ARISTOTE, La poétique, 335 av. J.-C., Grèce antique, Chapitre VII, III).. Mais en réalité il y a deux débuts, deux milieux et deux fins : ceux de l’écriture (le projet) et ceux du livre (l’objet), qui ne concordent pas nécessairement.

On peut commencer par écrire la fin du livre ou son milieu. Dans la thèse en droit, on conseille de terminer par la rédaction de l’introduction, car ce n’est qu’à la fin du travail de recherche que l’on connaît les tenants et aboutissants du sujet15« Comme on se retourne, au terme d’un voyage, sur le chemin parcouru, c’est quand un livre est achevé qu’on peut, en guise d’introduction, réfléchir sur le travail accompli et tenter de définir ce qu’on a fait. » (Marcel DETIENNE & Jean-Pierre VERNANT, Les ruses de l’intelligence. La mètis des Grecs, 1974, Paris, éd. Flammarion [2018], coll. Champs essais, p. 9)..

L’important est donc que vous trouviez votre propre rythme, notamment en écoutant votre inspiration. Ne commencez pas nécessairement par le commencement mais par ce qui vous vient. Ce sera toujours ça d’écrit et rien ne vous empêchera ensuite de jointer les bouts16En plaçant chaque fragment dans le plan, en articulant les idées au moyen de connecteurs logiques, etc..

Et puisque nous sommes entre amis, voici un tuyau épatant : quand vous bloquez sur la première phrase, commencez par la deuxième. Idem pour le premier paragraphe ou le premier chapitre. Une fois votre ouvrage terminé, vous saurez comment vous vouliez le commencer.

10. Le programme de travail. L’important est de ne jamais perdre de vue le fil de l’écriture et de toujours savoir où vous vous situez par rapport aux différentes étapes de la rédaction d’un livre. Dans les grandes lignes, spécialement pour les ouvrages non-fictionnels, il convient de :

  1. choisir un sujet : c’est le thème du livre (la cuisson de la viande à la broche, le tricotage des chaussettes ou la conduite du changement industriel),
  2. poser une problématique : c’est l’angle d’attaque, la manière dont on traite le sujet (une approche historique, scientifique, fantastique),
  3. procéder aux recherches utiles : consulter des livres, lire des articles, recueillir des témoignages, interroger des praticiens,
  4. faire un plan détaillé (voir le n°19),
  5. rédiger un premier jet de chaque partie : l’introduction, les chapitres, les transitions, la conclusion, les annexes (l’index, le glossaire, la bibliographie, les tables),
  6. relire et retravailler le texte pour l’alléger, le fluidifier, le polir : supprimer les répétitions, ajouter des conjonctions de coordination, changer l’ordre des paragraphes, trouver des synonymes de mots un peu lourds,
  7. corriger et mettre le texte en forme : la mise en forme est une étape à anticiper impérativement sur un texte long, en adoptant dès le départ de bonnes pratiques (utilisation des styles, rédaction uniforme, constitution progressive des annexes),
  8. imprimer et distribuer le livre : le faire circuler en PDF, le mettre en ligne sur son blog, le publier sur une plateforme, le proposer à un éditeur, etc.

11. Le calendrier de rédaction. La rédaction d’un livre apparaît clairement comme un processus. Il consiste en une succession d’étapes dont on peut évaluer la durée.

En prévoyant une marge de sécurité, on parvient à l’élaboration d’un calendrier prévisionnel (ou d’un rétro-planning, si vous le fixez non pas à partir de la date du jour17C’est-à-dire du jour où vous faites votre calendrier de rédaction. mais en remontant le temps depuis la date butoir18C’est-à-dire la date limite à respecter pour l’écriture de votre livre.).

Pour chaque étape, déterminez une durée approximative puis découpez ce temps nécessaire en séances de travail que vous placerez dans votre agenda aux créneaux choisis.

C’est le secret de la gestion de projet maîtrisée (même s’il y a peu de chances que vous respectiez votre programme). C’est à l’intérieur de ce cadre rassurant que vous pourrez laisser libre cours à votre fantaisie.

2. La rédaction de l’ouvrage

12. Une articulation. En tant que contenu, le livre consiste à couler un sujet — le thème — (2.1) dans un type de texte — le genre — (2.2). Mais évoquer la rédaction d’un livre est surtout l’occasion d’insister sur une notion cardinale, qui sous-tend tout le projet littéraire : l’imbrication du fond et de la forme.

Car contrairement à ce que cet élégant plan en trois parties laisse présager, il ne faut jamais penser le fond hors de la forme, la forme hors du fond.

La forme doit mettre le sujet en valeur, l’aider à se déplier, le présenter sous tous ses jours. Le fond, lui, donne corps au genre littéraire choisi. Il justifie le déploiement d’une forme. Il insuffle la vie à ce qui ne serait autrement qu’une cathédrale sans âme.

2.1. L’œuvre intellectuelle (le fond)

13. Le sujet (du livre). C’est tout simplement ce que vous avez décidé d’évoquer dans votre livre. C’est son thème, dont le titre sera le reflet, le résumé. Par exemple, ma thèse intitulée « le banquier actionnaire » parle du… banquier actionnaire. Rien n’est plus évident.

On voit pourtant des livres qui ne traitent pas leur sujet, qui ne le traitent qu’à moitié, qui en parlent mal, qui parlent d’autres choses, qui ne font pas le tour de la question. Parler de son sujet est une tâche plus difficile qu’il n’y paraît et qui suppose de le cerner.

Dans la rédaction, l’introduction de l’ouvrage devra retracer ce travail préparatoire. Au brouillon, procédez aux opérations suivantes :

  1. Définir. Notez le ou les mots qui se rapportent à votre sujet puis cherchez-en la définition. Éventuellement, cherchez également l’étymologie des termes, explicitez des concepts et notions proches ou liés19Un livre sur l’équitation ne pourra faire l’impasse sur le cheval, un livre sur le trench devra évoquer le concept de mode, etc..
  2. Contextualiser. Interrogez-vous sur les domaines d’application de votre sujet. De quoi relève-t-il ? De l’économie, de l’histoire, du management, de la littérature pour enfants, de la gastronomie. Pour un livre professionnel, nommez les services et départements concernés par l’ouvrage ou indiquez la cible que vous visez20Les petites entreprises, le secteur du bâtiment ou les cabinets dentaires..
  3. Délimiter. Cernez votre sujet aussi bien positivement (ce qu’il est) que négativement (ce qu’il n’est pas). Procédez notamment aux exclusions nécessaires21Par exemple parce que vous traiterez d’un volet du sujet dans un second livre.. Si ces exclusions sont plus importantes que prévu, c’est qu’il faut peut-être songer à renommer le livre, en choisissant un titre moins large22Par exemple, un ouvrage sur les modes de cuisson de la viande pourra finalement être cantonné à la cuisson de la viande à la broche. ou en l’agrémentant d’un sous-titre23Par exemple, la thèse « Contrat et prévision » porte le sous-titre « Contribution à l’étude des fonctions du contrat »..

14. Le traitement (du sujet). La réflexion sur le traitement du sujet — l’angle d’attaque que vous allez choisir pour en parler — a déjà débuté à travers la contextualisation et la délimitation du sujet. Il s’agit de préciser encore les choses en explicitant le point de vue que vous allez adopter.

Choisissez-vous le mode du témoignage, la perspective historique, l’exposé théorique ou le traitement pratique ? On peut ainsi évoquer une région du monde (l’Afrique, par exemple) dans ses aspects culturels, juridiques ou géopolitiques. On peut présenter une technique de marketing (le storytelling) à travers des études de cas ou une typologie de schémas narratifs.

C’est du choix du traitement que découleront la problématique puis le plan. J’insiste vraiment sur la nécessité d’adopter un point de vue original sur le sujet. Dix livres peuvent parler d’un même thème mais le livre de référence sur ce sujet sera celui qui l’aura le mieux traité.

15. Le ton (du texte). Le ton est la manière d’écrire en ce qu’elle est significative d’un état d’esprit ou d’un sentiment. C’est le ton qui rend palpable l’atmosphère ou l’ambiance que vous voulez créer (la tristesse, l’enthousiasme, la réserve, le professionnalisme, l’amusement).

Un peu différent du style (voir le n°17), le ton tient plus du fond que de la forme en ce qu’il se fait l’écho du traitement du sujet. D’ailleurs, d’un livre à l’autre, un même auteur pourra changer de ton alors qu’il ne parviendra jamais vraiment à modifier son style.

Un ton décalé ou ironique, comique ou tragique, un ton distant ou proche du lecteur révèle l’intonation de son auteur et donne une tonalité au livre. Cette couleur particulière du texte va imprimer le lecteur tout au long de sa lecture et, ainsi, faciliter (ou non) la réception du message.

Choisir un ton approprié est donc une manière de pousser plus loin le traitement du sujet24Par exemple, un ton neutre ou objectif convient bien à la littérature scientifique, quand un ton pathétique est préférable pour la poésie et un ton polémique pour le livre politique.. Rien n’empêche de donner un ton enthousiaste ou décalé à vos écrits professionnels. Ils n’en seront que plus percutants.

Le ton et le traitement sont le reflet du point de vue du livre.

16. Voilà comment penser votre livre sur le fond. S’il est vrai que j’aime couper les cheveux en quatre, vous n’êtes pas obligé de formaliser chacun de ces aspects, pas plus que les trois qui constituent la forme. Ce sont simplement des indications qui vous montrent tout ce qu’il est possible de personnaliser et d’investir dans la rédaction d’un livre.

2.2. L’œuvre littéraire (la forme)

17. Le style (de l’auteur). Bien que proches, le style et le ton doivent être différenciés. L’un comme l’autre renvoient à la manière d’écrire. Mais le ton appartient plus au fond quand le style, lui, tient de la forme. D’ailleurs le ton est propre au livre, alors que le style est propre à l’auteur25Avec ce qu’il peut comporter de tics de langage, par exemple..

Ce style est la traduction au plan littéraire de sa personnalité. C’est l’expression de son talent, mais également de sa psychologie. C’est la façon dont l’auteur s’exprime. Le style a trait à une certaine esthétique, reflète les goûts et les manières, également les particularités de l’auteur. On parle de style élégant, lourd, ample, concis, sec, parlé, ampoulé, fluide…

On peut bien sûr travailler son style (c’est même conseillé), par exemple en lisant les auteurs classiques (Honoré de BALZAC, George SAND, Victor HUGO, Marguerite YOURCENAR), en étudiant les figures de style (la métaphore, la litote, l’antiphrase, l’oxymore) ou en développant des champs lexicaux26Par exemple, parler d’un sujet (une rupture amoureuse) en développant le champ lexical d’un autre thème (la tempête), donne au sujet traité une couleur particulière. En l’occurrence, ce traitement va renforcer le sujet.. Mais ce travail est trop long pour être mené spécifiquement à l’abord de l’écriture d’un livre. C’est au fil du temps, en écrivant, que vous trouverez votre propre style.

J’ajoute que, même quand on possède son style, il est rare qu’un premier jet en soit imprégné, comme par enchantement. Il faudra travailler votre texte, le retravailler et le travailler encore avant qu’il ne traduise véritablement votre style27Concrètement ce sont parfois des dizaines de relectures. Sans aller jusque-là, ne descendez jamais en-dessous de trois..

18. Le genre (du livre). Le choix du genre littéraire est essentiel pour l’écrivain. Poésie, essai, roman, théâtre, voire épopée, fable, conte ou notice : la plupart des auteurs ont leur domaine de prédilection, qui est le registre dans lequel ils parviennent le mieux à s’exprimer.

Chaque genre littéraire obéit à des règles qui lui sont propres et visent à des fins particulières (voir n°2). Je ne les détaillerai pas, ce n’est pas l’objet de cette notice, mais il vous appartient de les étudier et de les respecter, voire de jouer avec.

J’aimerais plutôt insister sur le mélange des genres, la porosité actuelle entre des domaines autrefois bien distincts. L’usage du storytelling28C’est-à-dire des mécanismes de la narration (raconter une histoire). à des fins commerciales en est l’exemple topique.

Citons aussi les emprunts faits par certaines marques, voire certains hommes politiques au répertoire religieux ou mythologique. Il faut que le consommateur ait l’impression d’entrer dans la légende en achetant tel produit29« Un goût de légende » (Quick), « Notre histoire deviendra légende » (club de football Paris Saint-Germain), « Goûter au plaisir de la légende » (Roquefort Société), « Nouveau Vitara. Réinventons la légende » (Suzuki), « Entrer dans la légende » (Jeans Levi’s)., que l’électeur croie vivre un moment historique en glissant son bulletin dans l’urne…30On ne compte plus les candidats aux élections qui ont tenté de ressusciter Jeanne d’Arc ou le général De Gaulle.

Piocher dans le large éventail des genres littéraires n’est donc pas réservé à la littérature dite sérieuse. Pour vous démarquer, n’hésitez pas à écrire une œuvre politique qui se coule dans les canons du conte ou un livre professionnel qui épouse ceux du mode d’emploi.

19. La structure (du texte)31Ce paragraphe consacré à la structure du livre doit être lu en regard de celui dévolu au programme de travail (n°10).. Un ouvrage est un texte structuré, c’est-à-dire organisé et ordonné. Une contrainte indépassable du livre est évidemment la linéarité32Sur cette question, voir le projet littéraire (1.1) et le manifeste de la notice (1.2).. Car un livre est une succession de mots et de phrases que le lecteur est réputé devoir lire dans l’ordre : s’il ne le fait pas, c’est son affaire33Même si l’« offre » de livres ou d’articles est telle que l’auteur qui veut être lu aura tout intérêt à découper et baliser son texte….

Mais si la linéarité convient bien à la narration, même à une narration discontinue (flashbacks, commentaires du narrateur, voire apartés de l’auteur), elle convient moins à l’exposé d’un thème ou à la résolution d’un problème. D’où l’utilité d’un plan qui ne soit pas simplement une succession de chapitres mais bien un système qui présente divers aspects « simultanés » d’un thème34Imaginons que vous écriviez un livre sur le chocolat. Vous allez traiter (1) de l’origine du chocolat, (2) des variétés de chocolat, (3) de l’utilisation du chocolat en cuisine. Ces trois parties n’ont pas réellement d’ordre chronologique, elles existent « en même temps ». .

Dans ce cas, c’est à l’annonce de plan que reviendra de court-circuiter la linéarité de l’écrit35L’annonce de plan procède par renvoi (aux différentes parties du plan) et indique l’ordre dans lequel les parties seront traitées. C’est donc bien une manière de « court-circuiter la linéarité » du texte.. La structure d’un livre reflète donc son plan, dont le sommaire et la table des matières rendront compte36Une table des matières mentionne toutes les « matières », c’est-à-dire tous les niveaux de titres, jusqu’au plus inférieur, alors qu’un sommaire n’en donne que les premiers. Le « sommaire » est donc une table des matières sommaire, peu détaillée. Le sommaire figure en début d’ouvrage, la table des matières à la toute fin.. Selon la tradition intellectuelle française, le plan suivra l’ordre suivant.

(1) L’introduction. Cette partie relativement courte37Quelques pages, en fonction de la longueur totale de l’ouvrage. sert à planter le décor. Plus précisément, elle se décompose en plus ou moins quatre étapes38Quatre étapes qui forment une sorte d’entonnoir intellectuel : on part d’idées assez générales (qui situent le sujet) pour descendre de plus en plus profondément vers le cœur du sujet (la problématique)..

L’accroche sert, comme son nom l’indique, à accrocher le lecteur. Cet incipit doit prendre le lecteur aux tripes, l’intéresser, lui donner envie de lire la suite. On pourra utiliser une citation, une statistique, une vérité générale, un fait tiré de l’actualité, une anecdote. N’hésitez vraiment pas à faire preuve d’originalité pour ferrer votre lecteur.

Ensuite vient la présentation du sujet, qu’on peut découper en l’annonce du sujet, puis sa définition et, enfin, sa délimitation39Ce qu’il est et ce qu’il n’est pas (exclusions). Voir le n°13..

La problématique peut consister en une question précise à laquelle vous vous proposez de répondre à travers votre ouvrage. Mais ce peut également être l’angle d’attaque, le point de vue que vous comptez adopter (le traitement du sujet et le ton employé). Vous donnez là une clef de lecture essentielle des développements du livre.

Enfin, l’annonce du plan présente les différentes parties (livres, chapitres, sections, paragraphes). Mais elle ne doit jamais les annoncer de manière « bête et méchante ». L’annonce de plan doit être une sorte de réponse à la question posée ou à la problématique, en montrant comment les différentes parties envisagées vont apporter des éléments de réponse et traiter le sujet.

Autrement dit, et c’est vraiment essentiel à retenir, l’annonce de plan présente certes les parties du plan mais elle met également en évidence l’articulation de ces parties entre elles, une articulation mise au service du traitement du sujet40Cf. les annonces de plan de la présente notice, particulièrement les n°3 et 12..

(2) Les développements. Le corps du livre correspond à son contenu principal. Il consiste en un enchaînement de paragraphes au cours duquel vous allez ouvrir et refermer des portes, au fur et à mesure de la succession des parties, sous-parties et niveaux hiérarchiques inférieurs.

Le découpage de vos idées est donc essentiel à la structuration de votre ouvrage. Cette notice et les autres sont toutes archi-structurées, de manière quasi obsessionnelle, et trahissent le goût prononcé de leur autrice pour la rigueur. Jugez plutôt : niveaux de titres, annonces de plan imbriquées, transitions, conclusions intermédiaires, titres de paragraphes41Ce sont les titres « noyés », figurant en gras en début de paragraphe. Par exemple, « La structure (du texte) » pour le présent paragraphe. .

Un plan bien conduit est semblable à des poupées gigognes qu’on ouvre les unes après les autres et qu’on referme ensuite. Le corps du livre apparaît, lui, comme un fil tiré entre l’introduction et la conclusion.

(3) La conclusion. Une fois toutes vos portes intermédiaires ouvertes puis refermées, reste à conclure sur le sujet, à refermer la dernière porte. Or, conclure signifie plusieurs choses : résumer, clore et ouvrir.

Ainsi votre conclusion, sur un modèle inverse à votre introduction42L’entonnoir est maintenant retourné. On va du spécial vers le général., pourra-t-elle reprendre les étapes suivantes : le rappel de la problématique, le résumé des développements, les enseignements retirés43La réponse (ou des éléments de réponse) à la question posée dans l’introduction. et l’ouverture vers un autre sujet, généralement plus large.

Si elle est conséquente ou originale, cette ouverture peut figurer dans un épilogue. Par souci d’esthétique, n’hésitez pas dans ce cas à faire précéder votre introduction d’un prologue, qui sera le pendant de l’épilogue. La symétrie est une valeur sûre de la littérature…

(4) Les annexes. Facultatives, les annexes peuvent d’abord contenir des images, des tableaux, des données statistiques, des notes44Au sens de notes de bas de page, en l’occurrence reportées à la fin de l’ouvrage., des chronologies, une notice bibliographique, un glossaire, etc. On choisira de les placer là pour ne pas couper la lecture.

D’autres annexes, essentielles dans un livre long, recueilleront les éventuelles tables45Tables de concordance, jurisprudences citées, tables de logarithmes, références des illustrations, etc., l’index des mots-clefs46Plusieurs index peuvent figurer dans l’ouvrage, en fonction des thématiques abordées : index des personnages ou des lieux cités, etc., la bibliographie, la table des matières47Le sommaire, lui, figure en début d’ouvrage, juste avant l’introduction.. Le cas échéant, une liste des abréviations apparaît en tout début d’ouvrage48Avant l’introduction et le prologue mais après le sommaire..

20. À ce stade-là, vous pouvez être content de vous. Ça sent délicieusement la fin. Ne reste plus qu’à mettre le texte en forme pour constituer le livre49Voilà un bel exemple de transition entre deux parties. Je referme la partie qui s’achève tout en annonçant la suivante.. C’est un travail qui incombe traditionnellement à l’éditeur. Les auteurs auto-publiés s’en chargeront. Dans les entreprises, cette tâche sera dévolue au service communication.

3. La mise en forme

21. Le support (du livre). Le texte est rédigé mais le livre, en tant qu’objet, n’existe pas encore. Il reste à lui donner corps en fixant votre œuvre, disons votre travail, dans un support.

Éliminons d’emblée tous ceux qui n’ont plus cours50La tablette, le rouleau, la stèle, le codex, le parchemin, le manuscrit enluminé. pour nous concentrer sur la seule question qui vaille aujourd’hui : numérique ou papier ? Tout dépend de l’usage que vous comptez faire du livre. Schématiquement, la littérature se lit encore majoritairement sur papier, alors que les livres blancs et brochures professionnelles sont édités en PDF.

L’impression sur papier suppose soit de trouver un éditeur soit de payer les frais d’impression51C’est l’édition à compte d’auteur. Dans ce cas, la distribution du livre peut, en outre, vous incomber.. Le livre numérique, lui, pourra être produit en utilisant des logiciels spécialisés ou un simple traitement de texte. Vous pouvez évidemment recourir aux services d’un professionnel pour un résultat plus… professionnel.

22. Le format (du livre). Numérique ou papier, la forme la plus courante du livre est le rectangle52On pense aux formats A4 ou A5. Mais il existe bien d’autres proportions qui peuvent rendre le livre allongé ou plus trapu.. Le plus souvent, le support est exploité au format portrait53Le rectangle est « debout ».. Mais, on trouve parfois des livres au format paysage54Le rectangle est « couché »., particulièrement pour l’art ou la photographie, ou même des livres carrés. Le numérique offre toute latitude.

Portrait, paysage, carré : posez-vous toujours la question. Demandez-vous quel format mettra le mieux en valeur votre contenu. Là encore, c’est un merveilleux moyen de se démarquer. Le Moyen-Âge avait inventé le livre rond55Voir le codex rotundus.. J’imagine que des outils numériques permettent de parvenir au même résultat.

La mise en forme de l’objet que sera le livre suppose aussi d’établir la couverture, la page de garde, l’éventuelle page de faux-titre, la quatrième de couverture (résumé du livre, brève biographie de l’auteur) et de ne pas oublier le colophon (ou achevé d’imprimer)56Nom et l’adresse de l’imprimeur, date d’impression, éventuel numéro de dépôt légal..

23. Le graphisme (du livre). C’est l’apparence du livre, ce à quoi il ressemble, la mine qu’il a. Quand on l’a devant soi, le livre fait-il sérieux, enfantin, rétro, futuriste, minimaliste, ethnique, élégant, bâclé, classique, estival, industriel ?

Cette impression ressentie par le lecteur se dégage d’une multitude de détails, de réglages. Pêle-mêle, relevons les polices de caractères, les illustrations, les couleurs, les marges, la disposition du texte, les schémas… Autrement dit, tout ce qui est graphique et n’est pas purement textuel.

L’importance de la couverture n’échappe à personne (illustration, police, titre, mentions, disposition). Mais l’intérieur du livre ne doit pas plus être négligé au plan visuel. Il y a vraiment quelque chose à penser de ce point de vue-là. Le livre numérique, notamment, permet des innovations majeures dans le traitement de la page, y compris sous l’aspect esthétique. C’est le moment d’être inventif.

Bien sûr, l’apparence du livre aura tout aussi bien pu être anticipée dès l’abord de la rédaction, pour constituer un angle d’attaque original, un traitement nouveau du sujet. C’est, là encore, une preuve de l’imbrication de la forme et du fond, du sujet et du traitement, du contenu et du contenant.

Ce qui fait d’un ouvrage une œuvre, ce n’est pas le projet mené, le sujet traité, le texte écrit et le livre mis en forme. Ce qui fait d’un ouvrage une œuvre, c’est tout ça pensé, conçu et exécuté… à la fois.

Conclusion

24. Si vous êtes arrivé jusque là dans votre lecture, si vous avez essayé de prêter une attention égale à tous les points de détail qui forment la rédaction d’un livre, la tête vous tourne sans doute. Comment penser à tout cela en écrivant ?

C’est qu’écrire est un métier, en tout cas une tâche difficile qui exige énormément de travail. Mais si les architectes de l’ère moderne s’étaient contentés d’admirer les pyramides égyptiennes, le monde ne connaîtrait pas le Taj Mahal, le château de Chambord, l’Empire State Building ou la basilique Notre-Dame de la Paix.

25. Je ne crois pas que tout ait été dit, que tout ait déjà été écrit. Il existe encore de bons ou de beaux livres à écrire. J’ai entamé cette notice en faisant remarquer qu’il n’était pas très charitable de noircir d’inepties des pages qui n’avaient rien demandé. Mais je crois volontiers que ne pas écrire les belles pages que l’on porte au fond de soi est tout aussi criminel.

L’écriture d’un livre est véritablement un acte de partage. C’est également un combat contre le temps57« L’écriture est l’une des formes du combat contre le temps. » (Paul LE CANNU, Droit des sociétés, 2002, éd. Montchrestien, préface).. Si vous sentez que vous avez un talent ou une idée à présenter au monde, si vous croyez devoir retenir quelque chose de votre passage sur Terre, n’hésitez pas. Faites-le savoir. Écrivez un livre.

Référence

Illustrations

  • 1
    « Il est beau d’être un grand écrivain, de tenir les hommes dans la poêle à frire de sa phrase et de les y faire sauter comme des marrons — il doit y avoir de délirants orgueils à sentir qu’on pèse sur l’humanité de tout le poids de son idée. Mais il faut pour cela avoir quelque chose à dire. Or je vous avouerai qu’il me semble que je n’ai rien que n’aient les autres, ou qui n’ait été aussi bien dit, ou qui ne puisse l’être mieux. » (Gustave FLAUBERT, Lettre à Louise Colet, le 3 nov. 1851, à Croisset).
  • 2
    « Il n’est pas de genres inférieurs ; il n’est que des productions ratées, et le bouffon qui divertit prime le tragique qui n’émeut pas. » (Georges Courteline, « La philosophie de Courteline », Les Annales politiques et littéraires, 24 déc. 1916, n° 1748, p. 639).
  • 3
    LITTRÉ, Dictionnaire en ligne, Livre, 1.
  • 4
    LAROUSSE, Dictionnaire en ligne, Livre, 1.
  • 5
    LITTRÉ, Dictionnaire en ligne, Livre, 4.
  • 6
    LAROUSSE, Dictionnaire en ligne, Livre, 6.
  • 7
    LITTRÉ, Dictionnaire en ligne, Livre, 5.
  • 8
    « Figurez-vous tous les préparatifs indispensables pour une installation d’hiver, et plus la maison est petite, plus il est difficile d’y être bien sans de grands soins. Nous arriverons à y avoir chaud ; il est bien nécessaire de n’avoir pas les doigts engourdis pour griffonner. » (George SAND, Lettre à Édouard Rodrigues, 29 octobre 1864, à Palaiseau, dans George SAND, Correspondance. 1812-1876, Tome V, 1884, Paris, éd. Calmann Lévy, p. 64).
  • 9
    Des centaines ou des milliers d’heures…
  • 10
    Voyez, par exemple, le look-out de Victor HUGO à Hauteville.
  • 11
    Une demi-heure chaque matin, une heure chaque soir, une demi-journée par semaine, pendant vos week-ends ou vos vacances.
  • 12
    « [À propos de Tristes Tropiques] … c’est un livre que j’ai écrit, je dirais presque dans l’exaspération et dans l’horreur. […] ça n’est pas du tout ce que j’avais envie de faire, j’avais envie de faire de la science […]. Et Tristes Tropiques a été écrit en 4 mois, […] comme une sorte de pensum dont il fallait absolument que je me débarrasse parce que, je n’avais pas le goût de parler de moi, j’avais pas le goût de raconter des petites histoires, des petits détails de voyage. » (Claude LÉVI-STRAUSS, interview par Bernard PIVOT, Apostrophes, Antenne 2, 4 mai 1984).
  • 13
    Le perfectionnisme qui pousse à ne jamais achever l’œuvre ou, au contraire, la dispersion qui empêche de s’asseoir à sa table pour écrire jour après jour, page après page.
  • 14
    « J’appelle entier ce qui a un commencement, un milieu et une fin. Le commencement est ce qui ne suppose rien avant soi, mais qui veut quelque chose après. La fin, au contraire, est ce qui ne demande rien après soi, mais qui suppose nécessairement, ou le plus souvent, quelque chose avant soi. Le milieu est ce qui suppose quelque chose avant soi, et qui demande quelque chose après. » (ARISTOTE, La poétique, 335 av. J.-C., Grèce antique, Chapitre VII, III).
  • 15
    « Comme on se retourne, au terme d’un voyage, sur le chemin parcouru, c’est quand un livre est achevé qu’on peut, en guise d’introduction, réfléchir sur le travail accompli et tenter de définir ce qu’on a fait. » (Marcel DETIENNE & Jean-Pierre VERNANT, Les ruses de l’intelligence. La mètis des Grecs, 1974, Paris, éd. Flammarion [2018], coll. Champs essais, p. 9).
  • 16
    En plaçant chaque fragment dans le plan, en articulant les idées au moyen de connecteurs logiques, etc.
  • 17
    C’est-à-dire du jour où vous faites votre calendrier de rédaction.
  • 18
    C’est-à-dire la date limite à respecter pour l’écriture de votre livre.
  • 19
    Un livre sur l’équitation ne pourra faire l’impasse sur le cheval, un livre sur le trench devra évoquer le concept de mode, etc.
  • 20
    Les petites entreprises, le secteur du bâtiment ou les cabinets dentaires.
  • 21
    Par exemple parce que vous traiterez d’un volet du sujet dans un second livre.
  • 22
    Par exemple, un ouvrage sur les modes de cuisson de la viande pourra finalement être cantonné à la cuisson de la viande à la broche.
  • 23
    Par exemple, la thèse « Contrat et prévision » porte le sous-titre « Contribution à l’étude des fonctions du contrat ».
  • 24
    Par exemple, un ton neutre ou objectif convient bien à la littérature scientifique, quand un ton pathétique est préférable pour la poésie et un ton polémique pour le livre politique.
  • 25
    Avec ce qu’il peut comporter de tics de langage, par exemple.
  • 26
    Par exemple, parler d’un sujet (une rupture amoureuse) en développant le champ lexical d’un autre thème (la tempête), donne au sujet traité une couleur particulière. En l’occurrence, ce traitement va renforcer le sujet.
  • 27
    Concrètement ce sont parfois des dizaines de relectures. Sans aller jusque-là, ne descendez jamais en-dessous de trois.
  • 28
    C’est-à-dire des mécanismes de la narration (raconter une histoire).
  • 29
    « Un goût de légende » (Quick), « Notre histoire deviendra légende » (club de football Paris Saint-Germain), « Goûter au plaisir de la légende » (Roquefort Société), « Nouveau Vitara. Réinventons la légende » (Suzuki), « Entrer dans la légende » (Jeans Levi’s).
  • 30
    On ne compte plus les candidats aux élections qui ont tenté de ressusciter Jeanne d’Arc ou le général De Gaulle.
  • 31
    Ce paragraphe consacré à la structure du livre doit être lu en regard de celui dévolu au programme de travail (n°10).
  • 32
    Sur cette question, voir le projet littéraire (1.1) et le manifeste de la notice (1.2).
  • 33
    Même si l’« offre » de livres ou d’articles est telle que l’auteur qui veut être lu aura tout intérêt à découper et baliser son texte…
  • 34
    Imaginons que vous écriviez un livre sur le chocolat. Vous allez traiter (1) de l’origine du chocolat, (2) des variétés de chocolat, (3) de l’utilisation du chocolat en cuisine. Ces trois parties n’ont pas réellement d’ordre chronologique, elles existent « en même temps ».
  • 35
    L’annonce de plan procède par renvoi (aux différentes parties du plan) et indique l’ordre dans lequel les parties seront traitées. C’est donc bien une manière de « court-circuiter la linéarité » du texte.
  • 36
    Une table des matières mentionne toutes les « matières », c’est-à-dire tous les niveaux de titres, jusqu’au plus inférieur, alors qu’un sommaire n’en donne que les premiers. Le « sommaire » est donc une table des matières sommaire, peu détaillée. Le sommaire figure en début d’ouvrage, la table des matières à la toute fin.
  • 37
    Quelques pages, en fonction de la longueur totale de l’ouvrage.
  • 38
    Quatre étapes qui forment une sorte d’entonnoir intellectuel : on part d’idées assez générales (qui situent le sujet) pour descendre de plus en plus profondément vers le cœur du sujet (la problématique).
  • 39
    Ce qu’il est et ce qu’il n’est pas (exclusions). Voir le n°13.
  • 40
    Cf. les annonces de plan de la présente notice, particulièrement les n°3 et 12.
  • 41
    Ce sont les titres « noyés », figurant en gras en début de paragraphe. Par exemple, « La structure (du texte) » pour le présent paragraphe.
  • 42
    L’entonnoir est maintenant retourné. On va du spécial vers le général.
  • 43
    La réponse (ou des éléments de réponse) à la question posée dans l’introduction.
  • 44
    Au sens de notes de bas de page, en l’occurrence reportées à la fin de l’ouvrage.
  • 45
    Tables de concordance, jurisprudences citées, tables de logarithmes, références des illustrations, etc.
  • 46
    Plusieurs index peuvent figurer dans l’ouvrage, en fonction des thématiques abordées : index des personnages ou des lieux cités, etc.
  • 47
    Le sommaire, lui, figure en début d’ouvrage, juste avant l’introduction.
  • 48
    Avant l’introduction et le prologue mais après le sommaire.
  • 49
    Voilà un bel exemple de transition entre deux parties. Je referme la partie qui s’achève tout en annonçant la suivante.
  • 50
    La tablette, le rouleau, la stèle, le codex, le parchemin, le manuscrit enluminé.
  • 51
    C’est l’édition à compte d’auteur. Dans ce cas, la distribution du livre peut, en outre, vous incomber.
  • 52
    On pense aux formats A4 ou A5. Mais il existe bien d’autres proportions qui peuvent rendre le livre allongé ou plus trapu.
  • 53
    Le rectangle est « debout ».
  • 54
    Le rectangle est « couché ».
  • 55
  • 56
    Nom et l’adresse de l’imprimeur, date d’impression, éventuel numéro de dépôt légal.
  • 57
    « L’écriture est l’une des formes du combat contre le temps. » (Paul LE CANNU, Droit des sociétés, 2002, éd. Montchrestien, préface).