L’avenir, un domaine de l’imagination

1. L’anticipation

— La connaissance de l’avenir

1. Antithèse de la rétrospection (la consultation du passé), la prospection peut être négative (c’est l’angoisse), aussi bien que positive (c’est l’espoir). Si l’une et l’autre sont deux translations temporelles, la prospective regarde vers le futur, ce qui en fait une discipline intellectuelle nettement plus hasardeuse que la rétrospection.

2. Étymologiquement, anticiper signifie devancer, prendre les devants, c’est-à-dire aller plus vite que la musique en imaginant ce qui n’existe pas encore. C’est tout l’objet de la prospective qui désigne en un mot technique ce qu’autrefois on appelait prédiction, prémonition, divination.

3. L’Antiquité avait initié tout un commerce de la prévision qui ne s’est jamais tari, de la prophétie1 « Les grandes prophéties sont polysémiques. C’est une de leurs vertus et c’est pour cela qu’elles traversent les lieux, les moments, les âges, les générations, etc. » (Pierre BOURDIEU, « Les conditions sociales de la circulation internationale des idées », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 145, déc. 2002, p. 3-8, spéc. p. 5). à l’horoscope, en passant par le pronostic et la probabilité, jusqu’à la météorologie ou l’algorithme — cet oracle des temps présents.

Les devins, astrologues et diseuses de bonne aventure ont cédé la place aux prospectivistes, analystes et futurologues : les prédictions ne sont pas nécessairement plus sûres, ni plus claires, mais on fait comme si.

4. Hors l’hypothèse du recours à la clairvoyance divine ou extrasensorielle (qui pourtant n’est pas dénuée de fondement), déchiffrer l’avenir suppose qu’il soit contenu au moins en germe dans le présent2« Le penchant inextirpable de l’homme à tenir compte des présages, ses extispitia et ὀρνιθοσκοπία [inspections d’oiseaux], ses consultations à l’aide de la Bible, des cartes, du plomb fondu, du marc de café, etc., témoignent qu’il regarde comme possible, en dépit de toute raison, de reconnaître par le présent et par ce qui se trouve nettement sous les yeux ce qui est caché par l’espace ou par le temps, c’est-à-dire ce qui est éloigné ou futur ; de sorte qu’il pourrait déchiffrer celui-ci d’après celui-là, s’il possédait la véritable clef de cette écriture secrète. » (Arthur SCHOPENHAUER, « Métaphysique et esthétique », Parerga et paralipomena, 1851, Paris, éd. Félix Lacan [1909], trad. Auguste Dietrich, p. 61-62)., ce qui est vrai puisque les conséquences futures s’enracinent dans des causes actuelles.

Mais comment distinguer parmi tous les faits contemporains ceux qui sont pertinents s’agissant de la situation qu’on se propose de prévoir ?

5. Le plus simple est encore de recourir au droit. La loi, en un sens, conjecture et présage lorsqu’elle « prévoit » tel mécanisme, telle règle, telle sanction.

Les particuliers eux-mêmes peuvent se créer leur propre loi — c’est le principe du contrat3« Les contrats légalement formés tiennent lieux de loi à ceux qui les ont faits. » (Code civil, nouvel article 1103). (la vente, la tontine), voire de l’acte juridique (le testament, la reconnaissance de dette) — et aménager l’avenir en réglant le comportement des uns et des autres.

6. Fixant les conséquences de l’inapplication des obligations (dommages-intérêts), le contrat demeure un formidable outil de prévision du futur et, s’il ne fait pas disparaître le risque (l’assurance), il atténue en revanche les conséquences fâcheuses de sa survenance.

7. Se projeter dans l’avenir est l’essence de la nature humaine4« Ceux qui blâment les hommes d’être toujours à désirer les choses futures et nous apprennent à nous saisir des biens présents et à nous arrêter à leur possession, en considérant que nous n’avons aucune prise sur ce qui est à venir (et même bien moins que nous n’en avons sur ce qui est passé), mettent le doigt sur la plus commune des erreurs humaines, s’ils osent appeler erreur une chose à laquelle la nature elle-même nous achemine pour le service de la continuation de son œuvre en nous inspirant, plus soucieuse de notre action que de notre science, cette pensée trompeuse et beaucoup d’autres aussi. Nous ne sommes jamais chez nous, nous sommes au-delà. La crainte, le désir, l’espérance nous lancent vers l’avenir et nous dérobent le sentiment et la considération de ce qui est pour nous amuser avec ce qui sera, même quand nous ne serons plus. » (Michel DE MONTAIGNE, Les Essais [en français moderne], 1580/1588, Paris, éd. Gallimard [2009], coll. Quarto, Livre I, chap. 3, p. 21). — comme la prudence, la prévision est mère de sûreté5« Ne pas prévoir, c’est déjà gémir. » (Léonard DE VINCI, Textes choisis, 4e éd., 1908, Paris, éd. Société du Mercure de France, trad. Péladan, p. 70). — car connaître le futur permet paradoxalement de le modifier, d’en infléchir la direction6« L’avenir est déjà inscrit dans le présent sous forme de présages. Ces avertissements, il faut les déchiffrer non pas, paradoxalement, pour s’y soumettre, comme à un destin (à la façon de l’émotion qui accepte l’avenir annoncé dans le présent) mais pour les modifier : contradiction qui n’est qu’apparente, puisque c’est au nom de l’hypothèse du système fatal que l’on essaie de refaire l’avenir annoncé par le présent en refaisant un nouveau présent. » (Pierre BOURDIEU, « Le sens pratique », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 2, n° 1, fév. 1976, p. 43-86, spéc. p. 81)..

Le lecteur s’offusquera. En tant que tel, pensera-t-il, le futur n’est pas modifiable, puisque personne n’a prise sur lui. Seul le présent peut être modifié.

8. Mais, conviendra le lecteur, l’avenir est « imaginable », c’est-à-dire qu’il peut être anticipé pour que le moment venu — c’est-à-dire au présent — on puisse agir de telle façon qu’on obtienne la modification souhaitée. C’est ce qu’on appelle la préméditation7« […] ce dont je suis certain, c’est que d’ordinaire nous préméditons nos actes futurs ; que cette préméditation est présente, tandis que l’acte prémédité, en tant que futur, n’est pas encore. Notre préméditation commençant à se réaliser, l’acte sera, non plus à venir mais présent. » (SAINT-AUGUSTIN, Les confessions, Livre XI, chap. 18, trad. M. Moreau)..

9. Bien sûr, tout ne s’anticipe pas — ce qui est heureux, car si vous saviez à l’avance tout ce qui vous attend de souffrances, de difficultés et de déceptions, vous vous sentiriez absolument incapable de supporter ce que l’avenir vous réserve. La résignation n’est pas à la portée de toutes les âmes8Comp. « Eh bien, quel que soit l’avenir, quelques déchirements, quelques désillusions qui nous attendent (il faut bien en prévoir et s’y résigner d’avance, toute œuvre humaine est soumise à cette loi implacable), ceci [la guerre] est un grand moment dans l’histoire. » (George SAND, La guerre, 1859, Paris, A. Bourdilliat et Cie, p. 13).. D’où l’utilité de l’espoir.

2. L’espoir

— L’attente de l’avenir

10. L’espoir — qui n’est pas l’exact synonyme de l’espérance, laquelle est plutôt une vertu — s’entend platement du fait d’espérer, ou de l’objet de cette espérance.

Étymologiquement lié au succès, à la prospérité et à l’expectative, l’espoir est l’anticipation d’un bienfait qui appartient au domaine du possible — ce par quoi il se distingue de la chimère, espérance vaine, de l’utopie, irréaliste par essence.

11. Si l’espoir est indiscutablement le contraire du désespoir, il est tout aussi vrai qu’espoir et nostalgie sont l’avers et le revers d’une même pièce, celle d’une agréable projection dans le temps. Mais quand la nostalgie désigne le repli vers un passé d’autant plus heureux qu’il est révolu, l’espoir s’entend, lui, de la translation mentale vers un futur positif.

12. En d’autres termes, l’espoir est un élan vers l’avenir9« Choisir la vie, c’est toujours choisir l’avenir. Sans cet élan qui nous porte en avant nous ne serions rien de plus qu’une moisissure à la surface de la terre. Qu’importe alors que nos cœurs battent ou se taisent. » (Simone DE BEAUVOIR, Les bouches inutiles, 1945, Paris, éd. Gallimard, coll. nrf, Acte II, 4e tableau, Louis à Catherine, p. 51). et, bien plus que l’orgueil, l’authentique moteur de la grandeur.

Mais tout comme la nostalgie servant de refuge aux pauvres hères qui ont jeté l’éponge, l’espoir a ses dangers, au moins son écueil10« Misérables jouets de l’erreur ! nous nous livrons en aveugles au moindre espoir qui nous flatte et nous abuse. » (LE TASSE, La Jérusalem délivrée, 1580, Tome II, Nancy, éd. L. Vincenot et Cie [1838], chant XII, p. 43). : il constitue une force tellement puissante que l’être qui en est privé se retrouve dépourvu d’allant11« Il me revient à la mémoire cette phrase qui n’est pas une citation : le seul héroïsme au monde est de vivre avec ce que l’on sait et ce dont on se souvient, et privé de ce qu’on espère. » (Paul-Émile VICTOR, La voie lactée, 1961, Paris, éd. René Julliard, p. 242)., incapable qu’il est désormais d’avancer.

13. C’est alors que l’espoir se révèle en nécessité12« Et qu’importent les déceptions, ma pauvre petite ? Vous les craignez pour moi ? Elles ne tuent pas, et les espérances font vivre. » (George SAND, Le marquis de Villemer, 1860, Paris, éd. Calmann-Lévy [1925], XI, p. 149)., aussi bien personnelle que collective, en un besoin proprement humain de donner du sens au destin13« Mais l’homme qui a perdu l’espérance (donc qui n’aime plus, qui ne croit plus) n’est plus un homme. S’il ne meure pas — parfois de sa propre main — il n’est rien de plus qu’un être vivant. » (Paul-Émile VICTOR, La voie lactée, 1961, Paris, éd. René Julliard, p. 242-243). — le désespoir découlant justement du fait de ne plus trouver de sens au présent ni à l’avenir14« Se pourrait-il que le désespoir ne soit rien d’autre que ce désert, ce vide, cette érosion de tout ce qui m’entoure, cette distance entre les choses et moi, cette indifférence, cette absence totale de raison d’aller ici ou ailleurs, de faire ceci ou autre chose ? » (Félicien MARCEAU, Creezy, 1969, Paris, éd. Gallimard, coll. Soleil)., quand les lendemains qui chantent15« L’avenir, fantôme aux mains vides / Qui promet tout et qui n’a rien ! » (Victor HUGO, « Sunt lacrymæ rerum » (poème), Les voix intérieures (recueil), 1837, Lausanne, éd. Marc Ducloux, VII, p. 17). n’ont pas tenu leurs promesses16« Mieux vaut ne rien promettre que promettre sans tenir. » (La Bible, Ancien Testament, L’Ecclésiaste, chap. 5, verset 4)., laissant augurer un futur plus noir encore.

14. Mais, objectera le lecteur, puisque La vie sur Terre se veut un livre enchanteur, il se doit d’indiquer comment retrouver l’espoir quand, précisément, on l’a perdu. Que le lecteur se console et médite ces trois assertions éternellement vraies :

le pire n’est jamais certain ;
demain est un jour nouveau ;
nul n’est à l’abri d’un miracle.

3. L’angoisse

— La crainte de l’avenir

15. L’anxieux croit-il au miracle ? Disons que contrairement au dépressif, l’angoissé n’a pas renoncé17« Nous avons même tendance aujourd’hui à considérer que dans ce dernier comportement [l’inhibition de l’action], il existe deux attitudes : celle de l’attente en tension dans laquelle un espoir existe encore de pouvoir contrôler l’environnement (elle est à l’origine de l’anxiété), et celle de la dépression dans laquelle il y a un abandon de tout espoir. » (Henri LABORIT, La colombe assassinée, 1983, Paris, éd. Grasset, p. 77-78).. Mais à quel prix ! Bien qu’ayant conservé un sentiment de responsabilité à l’égard du monde18« L’angoisse [existentielle] est l’absence totale de justification en même temps que la responsabilité à l’égard de tous. » (Jean-Paul SARTRE, L’existentialisme est un humanisme, 1946, Paris, éd. Gallimard [1996], p. 82)., il partage avec le dépressif une impression d’impuissance.

16. Comme l’angoisse, la dépression est le symptôme d’une insuffisance du sujet19« L’angoisse c’est l’impossibilité de dominer une situation. » (Henri Laborit dans Mon oncle d’Amérique, film, France, 1979, réal. Alain Resnais)., qui ne se sent pas ou plus à la hauteur des injonctions sociales ou de ses propres attentes — se porter, s’inventer, devenir soi20« Cette manière d’être se présente comme une maladie de la responsabilité dans laquelle domine le sentiment d’insuffisance. Le déprimé n’est pas à la hauteur, il est fatigué d’avoir à devenir lui-même. » (Alain EHRENBERG, La fatigue d’être soi. Dépression et société, 1998, Paris, éd. Odile Jacob, p. 10).. La personne ne maîtrise plus son environnement, son scénario de vie ne colle plus avec ses possibilités et le vertige l’étreint.

17. Peur intense sans objet identifié, généralement accompagnée de symptômes physiques (palpitations, tremblements, vertiges, frissons, diarrhées, pleurs), l’angoisse est étymologiquement le resserrement — en l’occurrence celui de la poitrine, trouvant sa source dans le blocage du troisième chakra (ou plexus solaire), celui de la volonté et de l’affirmation.

18. Le sujet a peur mais ne sait pas de quoi ; il se sent tendu, sous pression, oppressé (en anglais, on parle de stress), dans la crainte permanente d’un danger auquel, croit-il, il ne saura pas faire face21« La crainte du danger est mille fois plus terrifiante que le danger présent ; et l’anxiété que nous cause la prévision du mal est plus insupportable que le mal lui-même. » (Daniel DEFOË, Robinson Crusoé, 1719, Paris, éd. Borel et Varenne [1836], trad. Pétrus Borel, p. 246)..

C’est pourquoi l’angoisse tétanise et, comme la dépression, elle condamne le sujet à l’inaction, lui impose le repli, le réduit au silence22« Le propre de la véritable angoisse […] est d’être muette. L’angoisse qui pérore, l’angoisse qui gazouille, l’angoisse qui babille — comme celle de nos contemporains — est évidemment une plaisanterie, une plaisanterie littéraire. » (Vladimir JANKÉLÉVITCH, L’angoisse, 1953, Cours à la Sorbonne). — alors même que c’est en se dépliant, au propre comme au figuré, qu’il parviendrait à retrouver un peu de paix intérieure…

19. Si l’angoisse fait partie de la vie23« La vie ? Une fiche de température avec au plus haut degré la joie et le bonheur, au plus bas la souffrance et l’angoisse. À travers ses oscillations constantes, un cœur qui s’essouffle. » (Yves SAINT LAURENT, Citations, 2010, Paris, Les éd. du huitième jour, coll. Géants, p. 47). — quel être humain ne l’a jamais ressentie ? —, une vie confite dans l’angoisse n’est pas une vie, qui se limite, se rapetisse, s’amenuise.

À tout prix, évitez de faire de l’angoisse (ou de la dépression) un mode de vie — conseil plus facile à donner qu’à suivre. Les angoisses inhibent : entendez-les mais luttez contre, ne les laissez pas dominer votre vie.

20. Point d’orgue de l’anxiété, la crise d’angoisse provoque chez le sujet un impérieux besoin de fuir, lui faisant perdre tout contrôle de lui-même. Or l’angoisse demeure une peur d’origine sociale (honte de soi, risque d’échec, peur d’être déclassé ou de rater sa vie), plus que d’origine physique (être assassiné, mourir de faim, se faire dévorer par un lion).

21. À bien y réfléchir, l’angoisse n’est pas une simple émotion — une peur caractérisée par son intensité — mais une construction psychologique : en se déclarant, l’angoisse révèle un conflit intérieur (apparition des symptômes), autant qu’elle le masque24« L’angoisse est un mélange d’émotions. Ce n’est pas une réaction physiologique adaptative, mais un état, qui peut durer plus ou moins longtemps. C’est un sentiment parasite qui exprime un conflit sous-jacent. Conflit entre pulsion et interdit, entre désir et peur, entre deux désirs, entre colère et crainte… » (Isabelle FILLIOZAT, Que se passe-t-il en moi ? Comment bien vivre ses émotions, 2019, Paris, éd. Marabout, coll. Poche, p. 84). (dissimulation des causes).

22. Comment s’en sortir ? Le remède à l’angoisse n’est ni l’alcool, ni les médicaments, ni aucune autre addiction (nourriture, sexualité, sport, travail, sensations fortes, etc.). Comme la dépression, l’angoisse ne peut être dépassée autrement qu’en faisant face à son vécu.

Si certaines thérapies aident et soulagent (homéopathie, accupuncture, hypnose, phytothérapie), n’escomptez pas vous en sortir en mettant la poussière sous le tapis. En matière cérébrale, l’introspection est un passage obligé.

23. Déconstruisez les croyances qui vous ont menées à l’inhibition, puis adoptez un schéma de vie épanouissant et à votre portée. Vivez selon ce que vous êtes et, progressivement, réancrez-vous dans le quotidien. Trouvez-vous un mantra apaisant, répétez-vous des phrases positives25Créée en 1993 par Gary Craig, l’EFT (Emotional freedom techniques — techniques de libération émotionnelle) propose une méthode d’apaisement psychologique par la répétition d’une phrase en tapotant avec sur son corps certains points d’acupuncture. La phrase doit être construite sur ce modèle : « Même si [problème, angoisse, phobie (par exemple : j’ai peur des araignées, j’ai perdu mes parents, etc.)], je m’accepte complètement et profondément. » Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’énonciation de la bonne phrase provoque une détente instantanée. Consultez le site officiel : https://official-eft.com. Et, de grâce, souvenez-vous que le présent est suffisant.

Références

— Livres

  • La Bible, Ancien Testament, L’Ecclésiaste, chap. 5, verset 4, traduction officielle liturgique.
  • Code civil, nouvel article 1103.
  • SAINT-AUGUSTIN, Les confessions, Livre XI, chap. 18, trad. de M. Moreau.
  • Simone DE BEAUVOIR, Les bouches inutiles, 1945, Paris, éd. Gallimard, coll. nrf.
  • Daniel DEFOË, Robinson Crusoé, 1719, Paris, éd. Borel et Varenne [1836], trad. Pétrus Borel.
  • Alain EHRENBERG, La fatigue d’être soi. Dépression et société, 1998, Paris, éd. Odile Jacob
  • Isabelle FILLIOZAT, Que se passe-t-il en moi ? Comment bien vivre ses émotions, 2019, Paris, éd. Marabout, coll. Poche.
  • Vladimir JANKÉLÉVITCH, L’angoisse, 1953, Cours à la Sorbonne
  • Henri LABORIT, La colombe assassinée, 1983, Paris, éd. Grasset.
  • LE TASSE, La Jérusalem délivrée, 1580, Tome II, Nancy, éd. L. Vincenot et Cie [1838], chant XII (Tome Ier).
  • Félicien MARCEAU, Creezy, 1969, Paris, éd. Gallimard, coll. Soleil.
  • Michel DE MONTAIGNE, Les Essais [en français moderne], 1580/1588, Paris, éd. Gallimard [2009], coll. Quarto.
  • Yves SAINT LAURENT, Citations, 2010, Paris, Les éd. du huitième jour, coll. Géants.
  • George SAND, La guerre, 1859, Paris, A. Bourdilliat et Cie.
  • George SAND, Le marquis de Villemer, 1860, Paris, éd. Calmann-Lévy [1925], XI.
  • Jean-Paul SARTRE, L’existentialisme est un humanisme, 1946, Paris, éd. Gallimard [1996].
  • Paul-Émile VICTOR, La voie lactée, 1961, Paris, éd. René Julliard.
  • Léonard DE VINCI, Textes choisis, 4e éd., 1908, Paris, éd. Société du Mercure de France, trad. Péladan.

— Autres

Illustrations

  • 1
    « Les grandes prophéties sont polysémiques. C’est une de leurs vertus et c’est pour cela qu’elles traversent les lieux, les moments, les âges, les générations, etc. » (Pierre BOURDIEU, « Les conditions sociales de la circulation internationale des idées », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 145, déc. 2002, p. 3-8, spéc. p. 5).
  • 2
    « Le penchant inextirpable de l’homme à tenir compte des présages, ses extispitia et ὀρνιθοσκοπία [inspections d’oiseaux], ses consultations à l’aide de la Bible, des cartes, du plomb fondu, du marc de café, etc., témoignent qu’il regarde comme possible, en dépit de toute raison, de reconnaître par le présent et par ce qui se trouve nettement sous les yeux ce qui est caché par l’espace ou par le temps, c’est-à-dire ce qui est éloigné ou futur ; de sorte qu’il pourrait déchiffrer celui-ci d’après celui-là, s’il possédait la véritable clef de cette écriture secrète. » (Arthur SCHOPENHAUER, « Métaphysique et esthétique », Parerga et paralipomena, 1851, Paris, éd. Félix Lacan [1909], trad. Auguste Dietrich, p. 61-62).
  • 3
    « Les contrats légalement formés tiennent lieux de loi à ceux qui les ont faits. » (Code civil, nouvel article 1103).
  • 4
    « Ceux qui blâment les hommes d’être toujours à désirer les choses futures et nous apprennent à nous saisir des biens présents et à nous arrêter à leur possession, en considérant que nous n’avons aucune prise sur ce qui est à venir (et même bien moins que nous n’en avons sur ce qui est passé), mettent le doigt sur la plus commune des erreurs humaines, s’ils osent appeler erreur une chose à laquelle la nature elle-même nous achemine pour le service de la continuation de son œuvre en nous inspirant, plus soucieuse de notre action que de notre science, cette pensée trompeuse et beaucoup d’autres aussi. Nous ne sommes jamais chez nous, nous sommes au-delà. La crainte, le désir, l’espérance nous lancent vers l’avenir et nous dérobent le sentiment et la considération de ce qui est pour nous amuser avec ce qui sera, même quand nous ne serons plus. » (Michel DE MONTAIGNE, Les Essais [en français moderne], 1580/1588, Paris, éd. Gallimard [2009], coll. Quarto, Livre I, chap. 3, p. 21).
  • 5
    « Ne pas prévoir, c’est déjà gémir. » (Léonard DE VINCI, Textes choisis, 4e éd., 1908, Paris, éd. Société du Mercure de France, trad. Péladan, p. 70).
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    « L’avenir est déjà inscrit dans le présent sous forme de présages. Ces avertissements, il faut les déchiffrer non pas, paradoxalement, pour s’y soumettre, comme à un destin (à la façon de l’émotion qui accepte l’avenir annoncé dans le présent) mais pour les modifier : contradiction qui n’est qu’apparente, puisque c’est au nom de l’hypothèse du système fatal que l’on essaie de refaire l’avenir annoncé par le présent en refaisant un nouveau présent. » (Pierre BOURDIEU, « Le sens pratique », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 2, n° 1, fév. 1976, p. 43-86, spéc. p. 81).
  • 7
    « […] ce dont je suis certain, c’est que d’ordinaire nous préméditons nos actes futurs ; que cette préméditation est présente, tandis que l’acte prémédité, en tant que futur, n’est pas encore. Notre préméditation commençant à se réaliser, l’acte sera, non plus à venir mais présent. » (SAINT-AUGUSTIN, Les confessions, Livre XI, chap. 18, trad. M. Moreau).
  • 8
    Comp. « Eh bien, quel que soit l’avenir, quelques déchirements, quelques désillusions qui nous attendent (il faut bien en prévoir et s’y résigner d’avance, toute œuvre humaine est soumise à cette loi implacable), ceci [la guerre] est un grand moment dans l’histoire. » (George SAND, La guerre, 1859, Paris, A. Bourdilliat et Cie, p. 13).
  • 9
    « Choisir la vie, c’est toujours choisir l’avenir. Sans cet élan qui nous porte en avant nous ne serions rien de plus qu’une moisissure à la surface de la terre. Qu’importe alors que nos cœurs battent ou se taisent. » (Simone DE BEAUVOIR, Les bouches inutiles, 1945, Paris, éd. Gallimard, coll. nrf, Acte II, 4e tableau, Louis à Catherine, p. 51).
  • 10
    « Misérables jouets de l’erreur ! nous nous livrons en aveugles au moindre espoir qui nous flatte et nous abuse. » (LE TASSE, La Jérusalem délivrée, 1580, Tome II, Nancy, éd. L. Vincenot et Cie [1838], chant XII, p. 43).
  • 11
    « Il me revient à la mémoire cette phrase qui n’est pas une citation : le seul héroïsme au monde est de vivre avec ce que l’on sait et ce dont on se souvient, et privé de ce qu’on espère. » (Paul-Émile VICTOR, La voie lactée, 1961, Paris, éd. René Julliard, p. 242).
  • 12
    « Et qu’importent les déceptions, ma pauvre petite ? Vous les craignez pour moi ? Elles ne tuent pas, et les espérances font vivre. » (George SAND, Le marquis de Villemer, 1860, Paris, éd. Calmann-Lévy [1925], XI, p. 149).
  • 13
    « Mais l’homme qui a perdu l’espérance (donc qui n’aime plus, qui ne croit plus) n’est plus un homme. S’il ne meure pas — parfois de sa propre main — il n’est rien de plus qu’un être vivant. » (Paul-Émile VICTOR, La voie lactée, 1961, Paris, éd. René Julliard, p. 242-243).
  • 14
    « Se pourrait-il que le désespoir ne soit rien d’autre que ce désert, ce vide, cette érosion de tout ce qui m’entoure, cette distance entre les choses et moi, cette indifférence, cette absence totale de raison d’aller ici ou ailleurs, de faire ceci ou autre chose ? » (Félicien MARCEAU, Creezy, 1969, Paris, éd. Gallimard, coll. Soleil).
  • 15
    « L’avenir, fantôme aux mains vides / Qui promet tout et qui n’a rien ! » (Victor HUGO, « Sunt lacrymæ rerum » (poème), Les voix intérieures (recueil), 1837, Lausanne, éd. Marc Ducloux, VII, p. 17).
  • 16
    « Mieux vaut ne rien promettre que promettre sans tenir. » (La Bible, Ancien Testament, L’Ecclésiaste, chap. 5, verset 4).
  • 17
    « Nous avons même tendance aujourd’hui à considérer que dans ce dernier comportement [l’inhibition de l’action], il existe deux attitudes : celle de l’attente en tension dans laquelle un espoir existe encore de pouvoir contrôler l’environnement (elle est à l’origine de l’anxiété), et celle de la dépression dans laquelle il y a un abandon de tout espoir. » (Henri LABORIT, La colombe assassinée, 1983, Paris, éd. Grasset, p. 77-78).
  • 18
    « L’angoisse [existentielle] est l’absence totale de justification en même temps que la responsabilité à l’égard de tous. » (Jean-Paul SARTRE, L’existentialisme est un humanisme, 1946, Paris, éd. Gallimard [1996], p. 82).
  • 19
    « L’angoisse c’est l’impossibilité de dominer une situation. » (Henri Laborit dans Mon oncle d’Amérique, film, France, 1979, réal. Alain Resnais).
  • 20
    « Cette manière d’être se présente comme une maladie de la responsabilité dans laquelle domine le sentiment d’insuffisance. Le déprimé n’est pas à la hauteur, il est fatigué d’avoir à devenir lui-même. » (Alain EHRENBERG, La fatigue d’être soi. Dépression et société, 1998, Paris, éd. Odile Jacob, p. 10).
  • 21
    « La crainte du danger est mille fois plus terrifiante que le danger présent ; et l’anxiété que nous cause la prévision du mal est plus insupportable que le mal lui-même. » (Daniel DEFOË, Robinson Crusoé, 1719, Paris, éd. Borel et Varenne [1836], trad. Pétrus Borel, p. 246).
  • 22
    « Le propre de la véritable angoisse […] est d’être muette. L’angoisse qui pérore, l’angoisse qui gazouille, l’angoisse qui babille — comme celle de nos contemporains — est évidemment une plaisanterie, une plaisanterie littéraire. » (Vladimir JANKÉLÉVITCH, L’angoisse, 1953, Cours à la Sorbonne).
  • 23
    « La vie ? Une fiche de température avec au plus haut degré la joie et le bonheur, au plus bas la souffrance et l’angoisse. À travers ses oscillations constantes, un cœur qui s’essouffle. » (Yves SAINT LAURENT, Citations, 2010, Paris, Les éd. du huitième jour, coll. Géants, p. 47).
  • 24
    « L’angoisse est un mélange d’émotions. Ce n’est pas une réaction physiologique adaptative, mais un état, qui peut durer plus ou moins longtemps. C’est un sentiment parasite qui exprime un conflit sous-jacent. Conflit entre pulsion et interdit, entre désir et peur, entre deux désirs, entre colère et crainte… » (Isabelle FILLIOZAT, Que se passe-t-il en moi ? Comment bien vivre ses émotions, 2019, Paris, éd. Marabout, coll. Poche, p. 84).
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    Créée en 1993 par Gary Craig, l’EFT (Emotional freedom techniques — techniques de libération émotionnelle) propose une méthode d’apaisement psychologique par la répétition d’une phrase en tapotant avec sur son corps certains points d’acupuncture. La phrase doit être construite sur ce modèle : « Même si [problème, angoisse, phobie (par exemple : j’ai peur des araignées, j’ai perdu mes parents, etc.)], je m’accepte complètement et profondément. » Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’énonciation de la bonne phrase provoque une détente instantanée. Consultez le site officiel : https://official-eft.com